Emmanuel FRANÇOIS, Président de la Smart Building Alliance, mais aussi du Fonds MAJ (à gauche sur la photo), lors de son intervention pendant le 12e Congrès des villes de France (photo SBA)
La Smart Building : de quoi parle-t ’on et pour quoi ? », a commencé Emmanuel FRANÇOIS, Président de la Smart Building Alliance, mais aussi du Fonds MAJ, lors de son intervention au dernier Congrès des villes de France. Un congrès qui s’adressait en priorité aux villes moyennes, auquel participaient entre-autres : Christophe BÉCHU, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Caroline CAYEUX, Ministre déléguée des Collectivités territoriales. Il intervenait dans le cadre d’une table ronde sur l’innovation numérique et ce qu’elle peut apporter aux villes moyennes pour leurs permettre d’être durables.
Selon Emmanuel FRANÇOIS, « l’humanité a construit et vécu dans des bâtiments non « smart »(considérés comme non intelligents – NDLR), depuis des millénaires et cela ne l’a pas empêché de traverser les âges et de vivre en harmonie avec son environnement. Pourquoi aujourd’hui devrions-nous passer à des bâtiments « smart » ?
Pour le Président de la SBA, il y a d’abord l’enjeu du réchauffement climatique avec l’urgence d’inverser cette tendance mortifère en réduisant massivement les émissions de C02. « Le bâtiment en représente aujourd’hui à lui seul 33% et combiné avec le transport, nous en sommes à prêt de 70% », martèle Emmanuel FRANÇOIS.
A cela s’ajoute une nouvelle composante : le niveau de la population mondiale. « En à peine 150 ans nous sommes passé de 1 Md d’habitants à 8 Mds ! Or nous ne pouvons pas vivre à 8 Mds comme à 1 Md. Ce n’est pas possible. Il y a un réel problème de ressources et nous sommes contraints d’évoluer vers de nouveaux modèles et modes de vie pour optimiser ces ressources ».
Cette évolution, passe par le bâtiment, la ville et l’usage que chacun est amené à en faire. « Nous sommes de fait contraint de passer d’une société mue par la propriété sans considération des ressources environnantes à une société de l’usage avec un partage et une optimisation des ressources. Nous n’avons plus le choix et c’est en cela que le numérique est une opportunité dans la mesure où nous l’utilisions à bon escient », poursuit Emmanuel FRANÇOIS. Et les exemples de manquent pas, que ce soit dans l’optimisation des espaces ou de la mobilité.
« Que nous le voulions ou non, nous évoluons irrémédiablement vers un monde hyper connecté, où tout citoyen, tout bâtiment, toute mobilité, tout équipement et infrastructure seront connectés et interagiront en temps réel », poursuit le président de la SBA. « Il s’agit là d’une mutation majeure. Une mutation que je n’ai pas peur de qualifier de civilisationnelle, aussi importante que celle qui a suivi l’arrivée de l’écriture puis l’imprimerie ou encore l’invention de la machine à vapeur puis l’électricité ».
Rappelant les changements intervenus depuis 20 ans dans le monde du travail, l’éducation, la santé, le commerce, la culture, les loisirs, le président a tenu à souligner que les bâtiments n’ont pas évolué. « Ils sont restés figés, dédiés à une activité alors même que nous aspirons à des bâtiments hybrides, multi-usages ».
Considérant qu’il s’agit d’un vaste chantier à entreprendre pour adapter les bâtiments aux nouveaux usages qui se dessinent, et notamment des lieux de services qui s’adaptent en fonction de besoin en termes de mobilité, de logistique, d’espaces partagés … le président de la SBA place le numérique au cœur d’une mutation qu’il faut engager sans tarder. Pour ce dernier il doit s’agir d’une digitalisation sobre, utilisant dans la mesure du possible une énergie décarbonée, en s’appuyant sur des systèmes ouverts, tout en répondant à des exigences en matière de cybersécurité.
Pour Emmanuel FRANÇOIS « les questions à se poser se sont celles de l’accès aux données et de leur gouvernance ». Si d’aucuns s’accorde sur le fait que cette transition digitale a été menée sur des vieux modèles, souvent très verticaux et sans véritable approche globale, certainement s’interrogeant même sur son utilité et sur son bilan environnemental.
« Nous sommes restés dans une approche très centralisatrice et pyramidale, que je qualifie de Jacobine, tandis même que le numérique nous amène à une approche décentralisée, en réseau, plus Girondine », constate le président de la SBA. « Alors que le citoyen et les usages sont au cœur de cette transition, nous sommes trop souvent restés dans une approche de sachants, sans réelle considération ou implication citoyenne ».
Pour Emmanuel FRANÇOIS, « l’équation n’est pas simple et requiert de nouveaux acteurs et métiers à commencer par le Tiers de confiance garant de la confidentialité et la sécurité de ces données et de leur accessibilité en temps réel à tout moment ».
La crise énergétique que nous traversons et qui risque de s’amplifier cet hiver, nécessite d’avoir un accès aux données énergétiques d’un bâtiment en temps réel et de manière prédictive, quelles qu’en soient les parties prenantes afin de les agréger à une plus grande échelle et d’opérer un effacement énergétique intelligent et concerté. « Faute de cela nous serons confrontés à des coupures ou des contingentements arbitraires, dramatiques tant pour les citoyens que les collectivités ou les entreprises », poursuit le président.
Force est de constater que nous sommes loin de cette évolution, qui concerne la gestion des bâtiments et qui peut être étendu à d’autres systèmes de gestion (eau, déchets, recharge électrique…). « Nous ne pouvons plus faire abstraction de cette interconnexion des équipements et des systèmes entre eux pour un pilotage intelligent en temps réel ».
Pour le président de la SBA, il faut repenser l’utilisation du numérique dans ce sens en partant de la base et des usages avec une approche transversale et globale et considérer la donnée comme un bien commun. « C’est essentiel. Il en va de leur souveraineté et de la souveraineté des territoires ».
Mais ces données sont le plus souvent stockées dans des datacenters situés pour la plupart à l’étranger. « Je préconise que celles-ci soient désormais hébergées localement dans des mini data centers eux-mêmes en réseaux avec une gouvernance locale », assure Emmanuel FRANÇOIS. « Afin d’associer toutes les parties prenantes du territoire, je préconise que cette gouvernance soit portée par une Assemblée Citoyenne Numérique regroupant des acteurs publics, privés et des particuliers ».
Véritable coffre-fort des données locales, ce mini datacenter assurera à la collectivité et ses administrés une gouvernance maîtrisée de leurs données et de leur souveraineté. Il devra être le plus écologique possible et alimenté en énergie renouvelable. « Il est également bien plus sûr, car il est plus compliqué pour des hackers de s’attaquer à des dizaines de milliers de datacenters. Plutôt que de construire des Cathédrales, commençons par des Chapelles proches des citoyens », précise le président de la SBA.
Et de conclure : « ne laissons pas échapper nos données, la gouvernance des données conditionne de la gouvernance même de notre société. Il en va de notre souveraineté et de notre liberté ».
Selon Emmanuel FRANÇOIS, « l’humanité a construit et vécu dans des bâtiments non « smart »(considérés comme non intelligents – NDLR), depuis des millénaires et cela ne l’a pas empêché de traverser les âges et de vivre en harmonie avec son environnement. Pourquoi aujourd’hui devrions-nous passer à des bâtiments « smart » ?
Pour le Président de la SBA, il y a d’abord l’enjeu du réchauffement climatique avec l’urgence d’inverser cette tendance mortifère en réduisant massivement les émissions de C02. « Le bâtiment en représente aujourd’hui à lui seul 33% et combiné avec le transport, nous en sommes à prêt de 70% », martèle Emmanuel FRANÇOIS.
A cela s’ajoute une nouvelle composante : le niveau de la population mondiale. « En à peine 150 ans nous sommes passé de 1 Md d’habitants à 8 Mds ! Or nous ne pouvons pas vivre à 8 Mds comme à 1 Md. Ce n’est pas possible. Il y a un réel problème de ressources et nous sommes contraints d’évoluer vers de nouveaux modèles et modes de vie pour optimiser ces ressources ».
« Il s’agit là d’une mutation que je n’ai pas peur de qualifier de civilisationnelle, aussi importante l’invention de la machine à vapeur et de l’électricité ».
Cette évolution, passe par le bâtiment, la ville et l’usage que chacun est amené à en faire. « Nous sommes de fait contraint de passer d’une société mue par la propriété sans considération des ressources environnantes à une société de l’usage avec un partage et une optimisation des ressources. Nous n’avons plus le choix et c’est en cela que le numérique est une opportunité dans la mesure où nous l’utilisions à bon escient », poursuit Emmanuel FRANÇOIS. Et les exemples de manquent pas, que ce soit dans l’optimisation des espaces ou de la mobilité.
« Que nous le voulions ou non, nous évoluons irrémédiablement vers un monde hyper connecté, où tout citoyen, tout bâtiment, toute mobilité, tout équipement et infrastructure seront connectés et interagiront en temps réel », poursuit le président de la SBA. « Il s’agit là d’une mutation majeure. Une mutation que je n’ai pas peur de qualifier de civilisationnelle, aussi importante que celle qui a suivi l’arrivée de l’écriture puis l’imprimerie ou encore l’invention de la machine à vapeur puis l’électricité ».
Rappelant les changements intervenus depuis 20 ans dans le monde du travail, l’éducation, la santé, le commerce, la culture, les loisirs, le président a tenu à souligner que les bâtiments n’ont pas évolué. « Ils sont restés figés, dédiés à une activité alors même que nous aspirons à des bâtiments hybrides, multi-usages ».
Considérant qu’il s’agit d’un vaste chantier à entreprendre pour adapter les bâtiments aux nouveaux usages qui se dessinent, et notamment des lieux de services qui s’adaptent en fonction de besoin en termes de mobilité, de logistique, d’espaces partagés … le président de la SBA place le numérique au cœur d’une mutation qu’il faut engager sans tarder. Pour ce dernier il doit s’agir d’une digitalisation sobre, utilisant dans la mesure du possible une énergie décarbonée, en s’appuyant sur des systèmes ouverts, tout en répondant à des exigences en matière de cybersécurité.
Pour Emmanuel FRANÇOIS « les questions à se poser se sont celles de l’accès aux données et de leur gouvernance ». Si d’aucuns s’accorde sur le fait que cette transition digitale a été menée sur des vieux modèles, souvent très verticaux et sans véritable approche globale, certainement s’interrogeant même sur son utilité et sur son bilan environnemental.
« Nous sommes restés dans une approche très centralisatrice et pyramidale, que je qualifie de Jacobine, tandis même que le numérique nous amène à une approche décentralisée, en réseau, plus Girondine », constate le président de la SBA. « Alors que le citoyen et les usages sont au cœur de cette transition, nous sommes trop souvent restés dans une approche de sachants, sans réelle considération ou implication citoyenne ».
Pour Emmanuel FRANÇOIS, « l’équation n’est pas simple et requiert de nouveaux acteurs et métiers à commencer par le Tiers de confiance garant de la confidentialité et la sécurité de ces données et de leur accessibilité en temps réel à tout moment ».
« Ne laissons pas échapper nos données, il en va de notre souveraineté et de notre liberté ».
La crise énergétique que nous traversons et qui risque de s’amplifier cet hiver, nécessite d’avoir un accès aux données énergétiques d’un bâtiment en temps réel et de manière prédictive, quelles qu’en soient les parties prenantes afin de les agréger à une plus grande échelle et d’opérer un effacement énergétique intelligent et concerté. « Faute de cela nous serons confrontés à des coupures ou des contingentements arbitraires, dramatiques tant pour les citoyens que les collectivités ou les entreprises », poursuit le président.
Force est de constater que nous sommes loin de cette évolution, qui concerne la gestion des bâtiments et qui peut être étendu à d’autres systèmes de gestion (eau, déchets, recharge électrique…). « Nous ne pouvons plus faire abstraction de cette interconnexion des équipements et des systèmes entre eux pour un pilotage intelligent en temps réel ».
Pour le président de la SBA, il faut repenser l’utilisation du numérique dans ce sens en partant de la base et des usages avec une approche transversale et globale et considérer la donnée comme un bien commun. « C’est essentiel. Il en va de leur souveraineté et de la souveraineté des territoires ».
Mais ces données sont le plus souvent stockées dans des datacenters situés pour la plupart à l’étranger. « Je préconise que celles-ci soient désormais hébergées localement dans des mini data centers eux-mêmes en réseaux avec une gouvernance locale », assure Emmanuel FRANÇOIS. « Afin d’associer toutes les parties prenantes du territoire, je préconise que cette gouvernance soit portée par une Assemblée Citoyenne Numérique regroupant des acteurs publics, privés et des particuliers ».
Véritable coffre-fort des données locales, ce mini datacenter assurera à la collectivité et ses administrés une gouvernance maîtrisée de leurs données et de leur souveraineté. Il devra être le plus écologique possible et alimenté en énergie renouvelable. « Il est également bien plus sûr, car il est plus compliqué pour des hackers de s’attaquer à des dizaines de milliers de datacenters. Plutôt que de construire des Cathédrales, commençons par des Chapelles proches des citoyens », précise le président de la SBA.
Et de conclure : « ne laissons pas échapper nos données, la gouvernance des données conditionne de la gouvernance même de notre société. Il en va de notre souveraineté et de notre liberté ».