Patrick Braouezec lors du Forum sur la Smart City organisé par le magazine des collectivités La Gazette des Communes
Les nouvelles technologies peuvent-elles avoir une place dans les défis sociaux et politiques qui se posent maintenant pour les gestionnaires des grandes métropoles et ne risquent-elles pas d’entraîner encore plus d’inégalités ? Patrick Braouezec, ancien instituteur à Saint Denis, troisième ville la plus peuplée de la région Ile de France, puis maire (Front de Gauche) dans la même ville et aujourd’hui président de l’EPT (l’Etablissement Public Territorial) Plaine-Commune, un territoire francilien qui héberge de nombreuses entreprises technologique, se veut pragmatique dans l’évolution de notre société.
« Je ne suis pas certain d’avoir un avis éclairé sur le sujet, mais plutôt des interrogations et des doutes », lance Patrick Braouezec. « Comme on ne veut pas subir, on essaye de s’adapter et d’anticiper ».
Constatant que les nouvelles technologies créent « une fracture numérique qui peut être synonyme de destructions massives d’emplois », il se pose la question de la notion de Smart City. « Je ne sais pas vraiment ce qui se cache derrière », affirme-t-il.
S'il avoue savoir ce qu’il est intelligent de faire dans une ville, il souligne que « le fait de vouloir rendre une ville intelligente en voulant tout voir et tout contrôler, peut entraîner des dérives totalitaires », poursuit Patrick Braouezec. « Il y a surtout un danger d’infantilisation et de déresponsabilisation voire même d’abêtissement avec des technologies mal maîtrisées qui imposeraient des modes de vie qui seraient de moins conscients et de plus en plus subis ». L’autre dérive qui interpelle le président de Plaine-Commune, « c’est de vouloir tout privatiser, ce qui ferait que la puissance publique ne serait plus maître de sa ville ».
Gestionnaire d’un territoire très peuplé, particulièrement touché par le chômage, avec une population plutôt jeune et peu qualifiée « qui pourrait-être rapidement touché par la robotisation », l’élu s'est fixé pour objectif d'anticipé la révolution numérique et voir comment le travail pourrait évoluer.
La collectivité qu'il préside, après en avoir informé les ministères concernés dont celui de l’Economie et des Finances, dirigé à l’époque par Emmanuel Macron, a décidé de lancer une expérimentation, sur Plaine-Commune (420 000 habitants), portant sur « la mutation du monde du travail avec l’automatisation et la robotisation avec l’émergence de nouveaux mode de travail ». Une mission noble mais pas des plus évidentes à conduire
« Nous sommes partis de l’idée qu’il y a des compétences, des savoir-faire dans nos communes et nos quartiers et qu’une partie du travail local n’est pas reconnu », poursuit Patrick Braouezec. A cette expérimentation, « qui passera peut-être par un projet de loi pour déroger à certaines règles », la collectivité associe des chercheurs universitaires, des entreprises du territoire, des citoyens volontaires et notamment des salariés de toutes les catégories socio-professionnelles, des associations.
La président de Plaine-Commune a été marqué par l’inauguration de Siemens où un robot s’est présenté et a même interrompu le PDG. Puis par la rencontre avec une directrice de la Poste qui lui a expliqué que les postiers qui partaient retraite étaient remplacés par des machines et enfin un directeur de supermarché qui lui a confié qu'il pouvait rapidement remplacer toutes les caissières par des automates. « Ils ne l'ont pas encore fait parce qu’ils savent que ça entraînera un plan social difficile à gérer ».
Pour Patrick Braouezec, les conséquences du numériques sur le monde du travail s’accélèrent. « Les collectivités locales et les politiques ont des responsabilités. Il nous appartient de se projeter dans un monde où les humains ne seront pas mis de côté ». Si les postes les moins qualifiés ou les plus pénibles peuvent être remplacés par des machines, « c’est souhaitable mais à la condition qu’on permette aux personnes qui occupaient ces postes d’accéder à du travail qui prend en compte leurs compétences ».
Décidé de passer à l'action et de montrer que c'était possible, Plaine-Commune travaille sur un projet de rénovation urbaine qui prend en compte la mécanique de rue, importante sur ce territoire, « afin qu’elle trouve sa place dans un projet qui reconnait et valorise les compétences de ces mécaniciens, avec des lieux identifiés et un salaire. De la même façon pour la cuisine de rue, en les encadrant et en créant une entreprise d’insertion qui aujourd’hui répond à des appels d’offres. Et il y plein d’autres cas sur lesquels on peut réfléchir ».
Si l’élu est conscient qu’il faut faire en sorte que le numérique soit accessible à tous, surtout s’il améliore la vie quotidienne, Plaine-Commune se focalise sur ses conséquences et plus particulièrement de la robotisation, sur le marché du travail. « L’idée sur laquelle nous travaillons, c’est même un objectif, est celle d’un revenu contributif à l’échelle de notre territoire. Il s’agit de collectiviser l’ensemble des aides et subventions et faire en sorte que chacun puisse avoir un revenu qui serait lié à la mise en œuvre de l’une de ses compétences, même si c’est un travail partiel ». Pour Patrick Braouezec, plus qu’un revenu universel, il s’agirait d’un revenu « sur la base d’une contribution à la vie sociale du territoire ».
Une idée qui s’appuie sur celle de l’initiative d’ATD Quart Monde « Zéro chômeurs », mais appliquée aux territoires urbains, à l’échelle d'un quartier. Le président de Plaine-Commune est convaincu et il a sans doute raison, que sans s’opposer aux avancées technologiques, la ville doit en premier lieu prendre en compte le facteur humain. C’est, selon lui, ce qui rendra la ville vraiment intelligente.
« Je ne suis pas certain d’avoir un avis éclairé sur le sujet, mais plutôt des interrogations et des doutes », lance Patrick Braouezec. « Comme on ne veut pas subir, on essaye de s’adapter et d’anticiper ».
Constatant que les nouvelles technologies créent « une fracture numérique qui peut être synonyme de destructions massives d’emplois », il se pose la question de la notion de Smart City. « Je ne sais pas vraiment ce qui se cache derrière », affirme-t-il.
S'il avoue savoir ce qu’il est intelligent de faire dans une ville, il souligne que « le fait de vouloir rendre une ville intelligente en voulant tout voir et tout contrôler, peut entraîner des dérives totalitaires », poursuit Patrick Braouezec. « Il y a surtout un danger d’infantilisation et de déresponsabilisation voire même d’abêtissement avec des technologies mal maîtrisées qui imposeraient des modes de vie qui seraient de moins conscients et de plus en plus subis ». L’autre dérive qui interpelle le président de Plaine-Commune, « c’est de vouloir tout privatiser, ce qui ferait que la puissance publique ne serait plus maître de sa ville ».
Gestionnaire d’un territoire très peuplé, particulièrement touché par le chômage, avec une population plutôt jeune et peu qualifiée « qui pourrait-être rapidement touché par la robotisation », l’élu s'est fixé pour objectif d'anticipé la révolution numérique et voir comment le travail pourrait évoluer.
La collectivité qu'il préside, après en avoir informé les ministères concernés dont celui de l’Economie et des Finances, dirigé à l’époque par Emmanuel Macron, a décidé de lancer une expérimentation, sur Plaine-Commune (420 000 habitants), portant sur « la mutation du monde du travail avec l’automatisation et la robotisation avec l’émergence de nouveaux mode de travail ». Une mission noble mais pas des plus évidentes à conduire
« Nous sommes partis de l’idée qu’il y a des compétences, des savoir-faire dans nos communes et nos quartiers et qu’une partie du travail local n’est pas reconnu », poursuit Patrick Braouezec. A cette expérimentation, « qui passera peut-être par un projet de loi pour déroger à certaines règles », la collectivité associe des chercheurs universitaires, des entreprises du territoire, des citoyens volontaires et notamment des salariés de toutes les catégories socio-professionnelles, des associations.
« Il nous appartient de se projeter dans un monde où les humains ne seront pas mis de côté »
La président de Plaine-Commune a été marqué par l’inauguration de Siemens où un robot s’est présenté et a même interrompu le PDG. Puis par la rencontre avec une directrice de la Poste qui lui a expliqué que les postiers qui partaient retraite étaient remplacés par des machines et enfin un directeur de supermarché qui lui a confié qu'il pouvait rapidement remplacer toutes les caissières par des automates. « Ils ne l'ont pas encore fait parce qu’ils savent que ça entraînera un plan social difficile à gérer ».
Pour Patrick Braouezec, les conséquences du numériques sur le monde du travail s’accélèrent. « Les collectivités locales et les politiques ont des responsabilités. Il nous appartient de se projeter dans un monde où les humains ne seront pas mis de côté ». Si les postes les moins qualifiés ou les plus pénibles peuvent être remplacés par des machines, « c’est souhaitable mais à la condition qu’on permette aux personnes qui occupaient ces postes d’accéder à du travail qui prend en compte leurs compétences ».
Décidé de passer à l'action et de montrer que c'était possible, Plaine-Commune travaille sur un projet de rénovation urbaine qui prend en compte la mécanique de rue, importante sur ce territoire, « afin qu’elle trouve sa place dans un projet qui reconnait et valorise les compétences de ces mécaniciens, avec des lieux identifiés et un salaire. De la même façon pour la cuisine de rue, en les encadrant et en créant une entreprise d’insertion qui aujourd’hui répond à des appels d’offres. Et il y plein d’autres cas sur lesquels on peut réfléchir ».
Si l’élu est conscient qu’il faut faire en sorte que le numérique soit accessible à tous, surtout s’il améliore la vie quotidienne, Plaine-Commune se focalise sur ses conséquences et plus particulièrement de la robotisation, sur le marché du travail. « L’idée sur laquelle nous travaillons, c’est même un objectif, est celle d’un revenu contributif à l’échelle de notre territoire. Il s’agit de collectiviser l’ensemble des aides et subventions et faire en sorte que chacun puisse avoir un revenu qui serait lié à la mise en œuvre de l’une de ses compétences, même si c’est un travail partiel ». Pour Patrick Braouezec, plus qu’un revenu universel, il s’agirait d’un revenu « sur la base d’une contribution à la vie sociale du territoire ».
Une idée qui s’appuie sur celle de l’initiative d’ATD Quart Monde « Zéro chômeurs », mais appliquée aux territoires urbains, à l’échelle d'un quartier. Le président de Plaine-Commune est convaincu et il a sans doute raison, que sans s’opposer aux avancées technologiques, la ville doit en premier lieu prendre en compte le facteur humain. C’est, selon lui, ce qui rendra la ville vraiment intelligente.