La voiture électrique est-elle vraiment écologique ?


le Mardi 31 Août 2021 à 11:37

N’en déplaise à ceux qui défendent encore les véhicules mues par un moteur thermique : la voiture électrique, si elle n’est pas complètement vertueuse, constitue une avancée non négligeable sur le plan environnemental. C’est au moins ce que rapporte le site web Terre et Avenir en analysant point par point cette révolution dans le monde de l’automobile et en tordant, au passage, le cou aux idées reçues.


La voiture électrique devient de plus en plus intéressante (Photo Adobe Stock)
La voiture électrique devient de plus en plus intéressante (Photo Adobe Stock)
Dans la ville du futur la voiture électrique apparait comme le moyen de déplacement le plus écologique, par rapport à ses consœurs à moteur thermique. Pas vraiment, affirmait en 2018, le journaliste Guillaume Pitron, dans son livre : « La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique ». Certes si ces nouveaux moteurs qui n’émettent pas de gaz préjudiciable à notre santé et à l’environnement, ne sont pas encore LA solution, force est de constater qu’ils constituent une avancée en la matière. Mais, ces progrès restent à faire en matière d’impact carbone global, ce qui semble difficile pour les véhicules thermiques, même s'il faut admettre que ces derniers sont arrivés à un niveau acceptable sur le plan environnemental en dehors du fait qu’ils utilisent une énergie fossile.
 
Alors qu’en est-il vraiment de cette voiture électrique dont on nous rebat les oreilles et la vue à grand renfort de spots télévisés et dont la plupart des constructeurs automobiles présentent à leur catalogue un ou plusieurs modèles ?
 
A ce jour, plusieurs points, sur lesquels s’appuient les lobbies et défenseurs du moteur thermique, permettent de penser que le véhicule électrique n’est pas aussi écologique qu’on veut bien nous le faire croire : l’impact carbone global, l’extraction de terres et matériaux rares et leur impact sur l’environnement et les populations locales, le chargement des batteries et leur recyclage. Le site web d’un citoyen engagé, « Terre et Avenir  », s’est lancé dans un sujet très bien documenté, lequel démontre que si la voiture électrique telle qu’elle est encore aujourd’hui a encore des progrès à faire, la recherche en la matière avance à grands pas et présente donc ce véhicule comme la solution d’avenir.
 
« Je n’aime pas le terme de « voiture écologique » ou de « voiture propre ». Aucun moyen de transport, en dehors de la marche ou à dos d’un animal, n’est écologique dès lors que l’on utilise des ressources et de l’énergie pour le construire », avance notre confère. « La voiture électrique n’échappe donc pas à la règle et a aussi un impact environnemental auquel il faut s’intéresser. La vraie question que l’on se pose en priorité : la voiture électrique (VE) pollue-t-elle moins que la voiture thermique (VT) ? ». 
 
En prenant en compte le cycle de vie de la voiture électrique, de sa construction à son utilisation, force était de constater que cette dernière avait un impact carbone, au moins aussi élevé, sinon plus que les véhicules équipés de moteurs thermiques. En 2013, selon un rapport de l’ADEME, il fallait parcourir 100 000 km pour qu’un véhicule électrique devienne rentable en termes d’énergie dépensée pour la fabriquer et il fallait parcourir 50 000 km pour qu’elle devienne « rentable » en termes de rejet de Dioxyde de Carbone. Grace à la part de plus en plus importantes des énergies renouvelables dans la production électrique et à la performance des batteries et leur recyclage, ce nombre de kilomètres est considérablement descendu. « A présent, 30 000 km suffisent pour que la Model 3 de Tesla soit « rentable » en rejet de CO2 par rapport à une Mercedes C220d », affime Terre et Avenir. Et ça devrait encore s’améliorer.

L’utilisation de matériaux rares et leur extraction : un argument qui ne tient pas

Second reproche fait aux voitures électriques : l’utilisation de terres et métaux rares et l’impact environnemental et humain de leur extraction. Selon le magazine, ces affirmations, avancées par les lobbies du moteur thermique, sont loin d’être exactes : « les matériaux en question, qui ne sont d’ailleurs pas seulement utilisés par l’automobiles, sont loin d’être rares ». Quant à l’extraction de métaux comme le cobalt, qui serait effectué par des enfants, principalement en République du Congo, il l’est de manière totalement illégale, dans des mines artisanales qui ne représentent que 10% de la production. Le reste est effectué dans des mines industrielles avec d’énormes machines, non accessibles aux enfants.  D’ailleurs la République du Congo, commence à prendre des mesures pour lutter contre les mines artisanales.
 
Même reproche pour le lithium. Utilisé pour toutes les batteries, pas seulement pour celles de l’automobile, son extraction polluerait l’environnement et ferait baisser la quantité d’eau nécessaire aux populations habitants les zones concernées. La principale zone d’extraction est australienne grâce au concassage d’une roche spécifique, laquelle contient de l’hydroxyde de lithium. En dehors du fait que cette extraction détruit des zones naturelles, ce qui n’est toutefois pas négligeable, l’impact environnemental n’affecte pas les populations locales, sauf les aborigènes qu’il a bien fallu reloger ailleurs. Le reste est extrait en sous-sol, dans le désert Chilien, dans d’immense lacs salés aujourd’hui asséchés. La polémique viendrait du mélange de la saumure nécessaire au nettoyage avec l’eau douce, rendant cette dernière impropre à la consommation des populations et de la faune locale, et restreignant de fait sa consommation. « Aucune étude ne montre que l’eau douce manquerait à cause de l’industrie minière. Il faut dire que le Chili subit de plus longues périodes de sécheresse depuis plusieurs années et que les réservoirs ont du mal à se remplir… comme en France d’ailleurs », ajoute Terre et Avenir.
 

Énergie pour la recharge et recyclage des batteries, des points faibles en amélioration constante

Reste l’énergie nécessaire à la recharge de tous ces véhicules. Selon ses détracteurs, « il va falloir ouvrir des centrales nucléaires ou à charbon », d’autant qu’en 2040, près de la moitié du parc automobile sera électrique. Selon RTE (Réseaux de Transports d’Électricité), il est certain que la consommation sera plus forte, mais elle sera compensée par la diminution des autres secteurs comme l’habitation avec la rénovation des passoires thermiques. Quant à la fourniture électrique elle proviendra de plus de l’énergie renouvelable (éolien, solaire, …). Quant au temps de recharge il est de plus en plus court. Les batteries dernière génération permettent une autonomie plus grande et peuvent, en cas de non-utilisation l’énergie accumulée peut être réinjectée dans le circuit électrique d’une habitation
 
Dernier point de discussion sur le sujet et non des moindre : le recyclage des batteries. Pour certains, les batteries ont une durée de vie limitée et leur recyclage pose question. 
 
« Dans les batteries on trouve du nickel-manganèse-cobalt mélangés avec un peu de lithium », affirme Terre et Avenir. « Il n’y a aucune terre rare dans les batteries. On peut y retrouver de l’aluminium et/ou du cuivre également ».

Le lithium représente 4% de la masse d’une cellule de batterie et environ 2% de cobalt. Aujourd’hui, on recycle très bien le cuivre, le nickel, le cobalt et le manganèse. « Le lithium n’est qu’en partie recyclé car c’est encore cher. Avec le volume des batteries en augmentation, le recyclage du lithium sera de plus en plus rentable », poursuit le magazine. 
 
En conclusion : La voiture électrique, sans être vraiment « écologique », « verte » ou « propre » est, malgré tout, plus vertueuse que la voiture à essence ou diesel. Elle rejette moins de CO2 sur sa durée de vie, elle émet moins de pollution sonore et elle peut avoir un rôle important dans le stockage individuel d’énergie, tout en se recyclant aussi bien que les voitures thermiques.
 
Enfin dernière chose et non des moindres :  la longévité théorique d’une voiture électrique par rapport à une voiture à essence. Le nombre de pièces d’un moteur électrique est beaucoup moins important que dans un moteur thermique, ce qui entraine moins de pannes possibles, et sont important frein moteur sollicite moins le système traditionnel de freinage. 
 
Enfin une batterie peut tenir entre 200 000 et 500 000 km. Reste le prix d’achat, encore élevé et l’autonomie. Mais cela devrait s’améliorer rapidement avec la production et la recherche en la matière. Plusieurs voitures électriques haut de gamme dépassent les 500 km sans recharge, les plus petites vont suivre. Une entreprise chinoise annonce des batteries qui permettraient d’atteindre 1000 km  avec un temps de recharge de 10 minutes. Pas plus qu’un plein à la pompe.  Enfin, malgré le poids de batteries, les VE une puissance et une accélération supérieure au moteur thermique. De quoi plaire aux amateurs de voiture. 
 
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