L’hydrogène issu de la biomasse, un concurrent sérieux pour les énergies fossiles


le Mercredi 30 Janvier 2019 à 09:03

Est-ce le carburant du futur ? Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à regarder du côté de l’hydrogène pour réduire l’impact carbone de leurs trains, bus et véhicules de service. Mais pour faire de l’hydrogène il faut de l’électricité et en France cette dernière est nucléaire. A moins de produire de l’hydrogène à partir de la biomasse comme le propose la société française Haffner Energy avec un projet qui pourrait bien révolutionner le monde de l’énergie.


Le projet d'unité de production et station service Hynoca (extrait vidéo Haffner Energy)
Le projet d'unité de production et station service Hynoca (extrait vidéo Haffner Energy)
Stopper la dépendance aux énergies fossiles des trains, bus et autres camions et voitures, tout le monde en rêve et en premiers lieu les collectivités territoriales. Pour ces dernières la note de carburant, essence et gas-oil, est souvent salée. Et en plus ce n’est pas très écologique. Alors certaines, soucieuse de l’impact que peuvent avoir les moyens de transport sur l’environnement, se tournent vers des énergies plus vertes comme les biocarburants (ajout de matériaux organiques non fossiles aux carburants fossiles) ou encore l’électricité. Rares encore sont celle qui s’aventurent sur le terrain de l’hydrogène, une source d’énergie prometteuse. D’autant plus qu’il suffit d’une simple électrolyse, - rappelez vous vos premières expériences de chimie sur les bancs de l’école -, pour produire ce gaz, très combustible. Simple, pas tant que ça, car pour faire de l’hydrogène il faut de l’électricité. Et en France, celle-ci est le plus souvent nucléaire. Une énergie propre, certes, mais pas très écologique. 
 
Bien sûr il y a l’éolien, le solaire, les barrages hydroélectriques, susceptibles de fournir une énergie plus verte. Mais celle-ci reste encore confidentiel par rapport au nucléaire, sans compter l’impact sur la planète des systèmes et matériaux entrant dans la fabrication de centrales de production électrique. Alors ?
 
Dans ce contexte, la société Haffner Energy, basée à Vitry-le-François dans la Marne, pourrait bien bousculer la donne. Remarqué par l’Ademe, son projet de développement d’une unité de production d'hydrogène à partir de biomasse permettant à terme de se passer des carburants fossiles, se présente comme révolutionnaire d'un point de vue écologique et économique. 
 
« il y a deux ans, on n'avait pas du tout un contexte favorable comme aujourd'hui. On a à la fois la technologie pour utiliser de l'hydrogène, la volonté politique et la nécessité pour l'environnement. L'hydrogène est le seul vecteur énergétique qui constitue le chaînon manquant de la transition énergétique », expliquait récemment Philippe Haffner, président d'Haffner Energy, au micro de France Inter
 
Pour ce dernier, privilégier la biomasse pour produire de l'hydrogène au lieu de l'électrolyse, c’est à dire en s’affranchissant de l’électricité c'est de prime abord écologiquement intéressant. « On utilise de la biomasse, c'est à dire de la matière organique végétale ou animale. Quand on parle de biomasse, on pense tout de suite à bois. Mais ça englobe beaucoup de choses en réalité, le bois ne représente que 20% du total », précise Philippe Haffner. En plus des déchets verts, l’unité de production d'Haffner Energy, peu accueillir du lisier de porc, des fientes de volailles, des pailles de céréales et même des ordures ménagères organiques, un gisement beaucoup plus important que le pétrole et surtout inépuisable. 

Un coût équivalent au diesel détaxé

Si la technique de la production d’hydrogène par la biomasse n'est pas nouvelle, elle était à ce jour, mal maitrisé et surtout bien plus couteuse que les énergies fossiles. Le projet Hynoca d’Haffner Energy permet de rendre l'hydrogène compétitif. « On va pouvoir diviser par trois le coût de l'hydrogène grâce au faible coût de la biomasse » précise Philippe Haffner. « En 2025 nous devrions obtenir un prix à la pompe de l'ordre de 3 euros du kilo, ce qui représente un coût équivalent au diesel détaxé. ». De quoi séduire les collectivités, les entreprises de transport et même les automobilistes puisque le plein d’une voiture à hydrogène s’effectue aussi rapidement qu'une voiture à essence. 
 
Si le prix à la pompe est intéressant, reste le problème du développement de véhicules, de stations et d'unités de production sur tout le territoire. Un problème de taille qui nécessite une vraie volonté financière et une prise de risque industriel. Il est donc opportun d’envisager la construction à grande échelle de véhicules et l’implantation d’unité de production et de station sur l’ensemble du territoire, l’un allant bien sûr avec l’autre. Mais ce n’est pas insurmontable pour l’entreprise. 
 
« On rend possible l'amortissement financier des stations sans avoir besoin de recourir à la puissance publique et sans avoir besoin de l'usage de l'hydrogène déjà installé », soutient Philippe Haffner. Outre l’hydrogène pour les transports, ses unités de production peuvent aussi produire un gaz de synthèse destiné à d’autres usages : réseau de chaleur urbain ou besoins industriels, « à un coût comparable au gaz naturel », ajoute Philippe Haffner. 

Décarboner la France avant 2025

En installant, dans un premier temps, 2000 stations sur l’ensemble de l’hexagone, Haffner Energy estime que l’on pourrait satisfaire 30% de la mobilité, et créer 100 000 emplois. La technologie peut être vendue à des collectivités, mais aussi à des sociétés de distribution d’énergie. Même à la grande distribution qui dispose de stations de carburants
 
Deux projets vont se concrétiser d’ici 2020. A Vitry-le-François dans la Marne où se trouve l'entreprise, et à Strasbourg. Ces deux unités pourront alimenter respectivement 260 et 1080 véhicules. À Strasbourg, environ 50% de l’hydrogène produit devrait être injecté dans le réseau de gaz naturel. Et ce n’est qu’un début, la société française entendant bien défier le gouvernement français sur le terrain de la transition énergétique. « On peut imaginer, si une décision politique forte est prise et sans que cela ne coûte cher à l'Etat mettre en place des dispositifs réglementaires et législatifs qui permettent de faire que la France soit décarbonée ou quasiment dès 2035 », conclut le Philippe Haffner « Bien plus vite que ce qui avait été anticipé auparavant avec le plan de Nicolas Hulot »
 
(Source France Inter)






              

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