Le ciment élément indissociable des chantiers de construction des villes du monde entier. Aux USA sur cette photo (photo d'archive Adobe Stock)
Pas de maison ou d’ensemble immobilier, voire de mobilier urbain, sans ciment. Découvert au XIXe siècle ce liant hydraulique qui durcit sous l’action de l’eau, en provoquant une réaction entre le calcaire et l’argile qui le compose (le plus souvent) est partout. Dans les parpaings, les dallages, les enduits, les mortiers, les murs coulés en place… Pratiquement impossible de passer outre quand on construit un bâtiment moderne, à moins de revenir à des méthodes ancestrales comme la construction en paille mélangée à de la terre ou en bois.
L’inconvénient de ce liant, incontournable, c’est que sa fabrication n’est pas vraiment écologique. Sa fabrication est même l’une des plus polluante de la planète et les industriels aimeraient bien trouver une solution pour agir (enfin) pour la planète. Certes l’idée est noble, mais pas si facile qu’il n’y parait. Et ce n’est pas en indiquant béton vert sur les sacs que ce produit sera pour autant décarboné.
A ce jour il y a deux méthodes pour fabriquer du ciment. Soit en extrayant du calcaire et de l’argile pour les chauffer à 1 500 degrés avant de les broyer et les transporter. C’est la méthode traditionnelle, mais aussi la plus polluante, les cimenteries utilisant le plus souvent du charbon pour porter le mélange à température, en émettant du dioxyde de carbone en quantité dans l’atmosphère. Surtout quand on sait que les cimenteries produisent plus de 2 milliards de tonnes de ciment dans le monde dont 267 millions pour la seule Europe. De quoi faire frémir le premier écologiste venu.
Mais il existe une deuxième méthode, bas carbone selon les industriels, qui consiste à remplacer le traitement du calcaire et de l’argile par du laitier, un déchet de la fabrication de l’acier, à la sortie des hauts fourneaux. C’est l’argument choc pour proposer du ciment dit vert. En oubliant un peu vite que les hauts fourneaux qui produisent principalement de l’acier, autre élément qui entre dans la construction des bâtiments, ne sont pas des modèles en matière de développement durable.
Le reportage diffusé par France Télévisions, pendant le JT du soir, montre l’un des chantiers modèle de Vinci à deux pas de l’aéroport Charles de Gaulle. Il s’agit d’un nouvel hôtel construit, selon ses concepteurs, avec 100% de ciment bas-carbone. « Sur ce chantier on économise 600 kilos tonnes de CO2 équivalent, c’est l’équivalent de 600 aller-retour entre Paris et NYC », affirme face caméra le constructeur qui use de la proximité de l’aéroport pour appuyer ses propos. Mais selon nos confères, « la prouesse est rendue possible par un tour de passe-passe, et surtout un vide juridique ». Malin…
Le laitier aurait donc la particularité d’afficher un faible taux d’émissions de dioxyde de carbone. C’est ce qu’affirme Rory Mc Neill, directeur commercial chez Ecocem France, un des leaders de ce marché en expansion : « En sortie de l’usine, chez nous, le laitier sort avec 17 kilos de CO2 », soit 45 fois moins que le ciment traditionnel dont le taux est évalué à 765 kg de CO2. On ne peut donc que saluer une performance qui n’en est pas vraiment une puisque ce résultat est dû à l’imprécision de la norme NF 15 804 sur la contribution des ouvrages de construction au développement durable, qui ne prend pas en compte la part de CO2 émise pas les hauts fourneaux.
Un vide juridique qui permet artificiellement au ciment bas carbone de devenir vert comme l’a confirmé le ministère du logement : « En amont, les aciéries qui produisent ce déchet ne le comptent pas dans leur bilan carbone. En aval, les gens du béton ne le comptabilisent pas non plus. C’est compté nulle part sauf que ce matériau existe bien. »
Voici donc comment, grâce à un vide dans la réglementation, les industriels du ciment, peuvent transformer d’un seul geste, un matériau très polluant en un matériau beaucoup plus écologique qui permet aux constructeurs d’affirmer que le bétonnage ne porte pas atteinte à l’environnement. Ou un peu moins. Une vraie opération de « greenwashing ». « Pour nous ce qui est important, c’est qu’au niveau du béton, les fiches de données environnementales et sanitaires indiquent une information bas carbone, c’est ce que l’on prend en compte », affirme Bruno Paul-Dauphin, directeur de l’offre béton bas carbone de Vinci construction, sans état d’âme.
De son côté le gouvernement affirme qu’il mettra un terme à ce vide juridique dès l’année prochaine en faisant entrer le CO2 émis pour fabriquer le laitier de hauts fourneaux dans la norme. Le béton vert risque de virer au vert foncé et voire même au gris comme son homologue calcaire-argile.
L’inconvénient de ce liant, incontournable, c’est que sa fabrication n’est pas vraiment écologique. Sa fabrication est même l’une des plus polluante de la planète et les industriels aimeraient bien trouver une solution pour agir (enfin) pour la planète. Certes l’idée est noble, mais pas si facile qu’il n’y parait. Et ce n’est pas en indiquant béton vert sur les sacs que ce produit sera pour autant décarboné.
A ce jour il y a deux méthodes pour fabriquer du ciment. Soit en extrayant du calcaire et de l’argile pour les chauffer à 1 500 degrés avant de les broyer et les transporter. C’est la méthode traditionnelle, mais aussi la plus polluante, les cimenteries utilisant le plus souvent du charbon pour porter le mélange à température, en émettant du dioxyde de carbone en quantité dans l’atmosphère. Surtout quand on sait que les cimenteries produisent plus de 2 milliards de tonnes de ciment dans le monde dont 267 millions pour la seule Europe. De quoi faire frémir le premier écologiste venu.
Mais il existe une deuxième méthode, bas carbone selon les industriels, qui consiste à remplacer le traitement du calcaire et de l’argile par du laitier, un déchet de la fabrication de l’acier, à la sortie des hauts fourneaux. C’est l’argument choc pour proposer du ciment dit vert. En oubliant un peu vite que les hauts fourneaux qui produisent principalement de l’acier, autre élément qui entre dans la construction des bâtiments, ne sont pas des modèles en matière de développement durable.
« En amont, les aciéries qui produisent ce déchet ne le comptent pas dans leur bilan carbone. En aval, les gens du béton ne le comptabilisent pas non plus »
Le reportage diffusé par France Télévisions, pendant le JT du soir, montre l’un des chantiers modèle de Vinci à deux pas de l’aéroport Charles de Gaulle. Il s’agit d’un nouvel hôtel construit, selon ses concepteurs, avec 100% de ciment bas-carbone. « Sur ce chantier on économise 600 kilos tonnes de CO2 équivalent, c’est l’équivalent de 600 aller-retour entre Paris et NYC », affirme face caméra le constructeur qui use de la proximité de l’aéroport pour appuyer ses propos. Mais selon nos confères, « la prouesse est rendue possible par un tour de passe-passe, et surtout un vide juridique ». Malin…
Le laitier aurait donc la particularité d’afficher un faible taux d’émissions de dioxyde de carbone. C’est ce qu’affirme Rory Mc Neill, directeur commercial chez Ecocem France, un des leaders de ce marché en expansion : « En sortie de l’usine, chez nous, le laitier sort avec 17 kilos de CO2 », soit 45 fois moins que le ciment traditionnel dont le taux est évalué à 765 kg de CO2. On ne peut donc que saluer une performance qui n’en est pas vraiment une puisque ce résultat est dû à l’imprécision de la norme NF 15 804 sur la contribution des ouvrages de construction au développement durable, qui ne prend pas en compte la part de CO2 émise pas les hauts fourneaux.
Un vide juridique qui permet artificiellement au ciment bas carbone de devenir vert comme l’a confirmé le ministère du logement : « En amont, les aciéries qui produisent ce déchet ne le comptent pas dans leur bilan carbone. En aval, les gens du béton ne le comptabilisent pas non plus. C’est compté nulle part sauf que ce matériau existe bien. »
Voici donc comment, grâce à un vide dans la réglementation, les industriels du ciment, peuvent transformer d’un seul geste, un matériau très polluant en un matériau beaucoup plus écologique qui permet aux constructeurs d’affirmer que le bétonnage ne porte pas atteinte à l’environnement. Ou un peu moins. Une vraie opération de « greenwashing ». « Pour nous ce qui est important, c’est qu’au niveau du béton, les fiches de données environnementales et sanitaires indiquent une information bas carbone, c’est ce que l’on prend en compte », affirme Bruno Paul-Dauphin, directeur de l’offre béton bas carbone de Vinci construction, sans état d’âme.
De son côté le gouvernement affirme qu’il mettra un terme à ce vide juridique dès l’année prochaine en faisant entrer le CO2 émis pour fabriquer le laitier de hauts fourneaux dans la norme. Le béton vert risque de virer au vert foncé et voire même au gris comme son homologue calcaire-argile.