La ville de Nevers sur les bords de la Loire, un des territoires qui s’engagent vers un numérique responsable, selon le Cerema (Photo Adobe Stock)
Présent à Las Vegas (Nevada) lors des précédentes éditions du Consumer Electronics Show, le Village Francophone, l’alliance apolitique d’entrepreneurs, de pays, de régions, de villes, d’investisseurs, de grands groupes et de médias engagés dans la création de corridors directs d’accélération et d’attractivité de champions technologiques entre territoires, organisait cette année, pandémie oblige, son événement en mode « Phygital ». Une partie des « habitants » de ce village high-tech international, sont intervenus dans le cadre d’un événement appelé « Tech for Cities », physiquement, depuis un espace centralisé à Paris, à distance depuis plusieurs studios installés en France et dans le monde, depuis leur lieu de travail ou leur domicile. Les technologies employées, notamment en WebTV et en visioconférence ont permis de rendre cet événement, auquel notre magazine était associé, particulièrement attrayant.
Parmi les intervenants de cet événement, riche d’informations sur les nouvelles technologies et leur impact dans la ville de demain, Florent Boithias, responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema, a présenté les tendances 2021, de la même manière qu’il aurait pu le faire si le CES de Las Vegas avait été organisé dans sa configuration habituelle.
Pour Florent Boithias, la sobriété numérique est d’abord un impératif climatique.
« On sait désormais que le numérique a, ou aura bientôt, une empreinte carbone supérieure à celle du trafic aérien, et que cette part augmente de 8 % tous les ans dans le monde. Une tendance incompatible avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessaires pour satisfaire aux exigences de l’accord de Paris sur le climat », explique le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema.
Les trois quarts de cette empreinte carbone est liée à la fabrication et la distribution des terminaux (smartphones, ordinateurs, écrans, …). Le dernier quart concerne les réseaux et des data centers, de plus en plus gourmands en énergie et polluants sous l’effet du streaming vidéo, qui représente 60 % du trafic. « Les perspectives d'évolution de l'impact carbone du numérique imposent de faire émerger un nouveau modèle d’innovation frugale », confirme Florent Boithias.
Comme chacun sait, ou presque, le réseau hertzien 5G permettra d’améliorer les services de téléphonie, l’acheminement des données en bas débit pour l’internet des objets (IoT), et surtout l’accès à de nouveaux usages, gourmands en données et nécessitant un temps de réaction (latence) très faible comme le véhicule autonome. Des usages qui seront bien sûr déployé sur plusieurs années.
« Mais quand on construit une autoroute, ce n'est pas pour faire baisser le trafic ! », martèle Florent Boithias « De la même manière, même si la 5G est annoncée comme moins consommatrice d’énergie que la 4G, on doit s’attendre à une explosion des usages, et donc des émissions de GES. C’est ce qu’on appelle l’« effet rebond ».
De plus le passage à la 5G impose de renouveler des terminaux puisque la plupart de ceux qui sont actuellement en service ne sont pas compatibles. Et ce renouvèlement, c’est justement la part la plus polluante du numérique.
« La sobriété numérique dépend de la responsabilité et des usages de tous : citoyens, entreprises et acteurs publics », poursuit Florent Boithias . « Autour de la question du développement du numérique et de la smart city, plusieurs enjeux sociétaux et politiques apparaissent : sécurité des données, libertés des collectivités et des citoyens, l'égalité de l'accès au numérique, l'impact environnemental ou encore la souveraineté territoriale ».
Pour le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema, les collectivités qui s’investissent dans une démarche intelligente « doivent définir un cap politique clair, un cadre de confiance et une gouvernance inclusive qui rendent possible l’engagement de tous les citoyens et de toutes les forces vives vers un numérique éthique et responsable ».
Il n’y a donc pas de confiance sans souveraineté : « celle que la puissance publique se donne les moyens d’exercer sur les services numériques de son territoire pour avoir la maîtrise des données d’intérêt général et pour protéger les données personnelles des citoyens ».
« Alors, comment agir concrètement » questionne Florent Boithias. Des collectivités françaises mettent en place des chartes de la donnée. C’est le cas de Nantes Métropole, ou encore de La Rochelle, structures territoriales qui ont signé « une charte du numérique responsable » avec la communauté d’agglomération, l’université et le grand port maritime. « A travers ces chartes, les collectivités édictent des principes directeurs pour le pilotage du numérique sur leurs territoires, à la fois gages de transparence et de levier d’entrainement pour la communauté des acteurs locaux et les citoyens », précise le Cerema.
Mais des villes, à l’exemple de Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble ou encore Nevers…, s’engagent vers un numérique responsable : écoconception logicielle dans les cahiers des charges, achat de matériel reconditionné, renouvellement moins fréquent, choix de logiciels libres, soutien aux filières du réemploi…
« L’objectif n’est pas de faire des villes intelligentes en suivant un modèle technologique de smart city, qui en réalité n’existe pas, mais bien d’essayer de faire la ville intelligemment, avec les citoyens et les forces vives », conclut le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema.
Parmi les intervenants de cet événement, riche d’informations sur les nouvelles technologies et leur impact dans la ville de demain, Florent Boithias, responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema, a présenté les tendances 2021, de la même manière qu’il aurait pu le faire si le CES de Las Vegas avait été organisé dans sa configuration habituelle.
Pour Florent Boithias, la sobriété numérique est d’abord un impératif climatique.
« On sait désormais que le numérique a, ou aura bientôt, une empreinte carbone supérieure à celle du trafic aérien, et que cette part augmente de 8 % tous les ans dans le monde. Une tendance incompatible avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessaires pour satisfaire aux exigences de l’accord de Paris sur le climat », explique le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema.
Les trois quarts de cette empreinte carbone est liée à la fabrication et la distribution des terminaux (smartphones, ordinateurs, écrans, …). Le dernier quart concerne les réseaux et des data centers, de plus en plus gourmands en énergie et polluants sous l’effet du streaming vidéo, qui représente 60 % du trafic. « Les perspectives d'évolution de l'impact carbone du numérique imposent de faire émerger un nouveau modèle d’innovation frugale », confirme Florent Boithias.
Comme chacun sait, ou presque, le réseau hertzien 5G permettra d’améliorer les services de téléphonie, l’acheminement des données en bas débit pour l’internet des objets (IoT), et surtout l’accès à de nouveaux usages, gourmands en données et nécessitant un temps de réaction (latence) très faible comme le véhicule autonome. Des usages qui seront bien sûr déployé sur plusieurs années.
« Mais quand on construit une autoroute, ce n'est pas pour faire baisser le trafic ! », martèle Florent Boithias « De la même manière, même si la 5G est annoncée comme moins consommatrice d’énergie que la 4G, on doit s’attendre à une explosion des usages, et donc des émissions de GES. C’est ce qu’on appelle l’« effet rebond ».
« La sobriété numérique dépend de la responsabilité et des usages de tous : citoyens, entreprises et acteurs publics »
De plus le passage à la 5G impose de renouveler des terminaux puisque la plupart de ceux qui sont actuellement en service ne sont pas compatibles. Et ce renouvèlement, c’est justement la part la plus polluante du numérique.
« La sobriété numérique dépend de la responsabilité et des usages de tous : citoyens, entreprises et acteurs publics », poursuit Florent Boithias . « Autour de la question du développement du numérique et de la smart city, plusieurs enjeux sociétaux et politiques apparaissent : sécurité des données, libertés des collectivités et des citoyens, l'égalité de l'accès au numérique, l'impact environnemental ou encore la souveraineté territoriale ».
Pour le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema, les collectivités qui s’investissent dans une démarche intelligente « doivent définir un cap politique clair, un cadre de confiance et une gouvernance inclusive qui rendent possible l’engagement de tous les citoyens et de toutes les forces vives vers un numérique éthique et responsable ».
Il n’y a donc pas de confiance sans souveraineté : « celle que la puissance publique se donne les moyens d’exercer sur les services numériques de son territoire pour avoir la maîtrise des données d’intérêt général et pour protéger les données personnelles des citoyens ».
« Alors, comment agir concrètement » questionne Florent Boithias. Des collectivités françaises mettent en place des chartes de la donnée. C’est le cas de Nantes Métropole, ou encore de La Rochelle, structures territoriales qui ont signé « une charte du numérique responsable » avec la communauté d’agglomération, l’université et le grand port maritime. « A travers ces chartes, les collectivités édictent des principes directeurs pour le pilotage du numérique sur leurs territoires, à la fois gages de transparence et de levier d’entrainement pour la communauté des acteurs locaux et les citoyens », précise le Cerema.
Mais des villes, à l’exemple de Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble ou encore Nevers…, s’engagent vers un numérique responsable : écoconception logicielle dans les cahiers des charges, achat de matériel reconditionné, renouvellement moins fréquent, choix de logiciels libres, soutien aux filières du réemploi…
« L’objectif n’est pas de faire des villes intelligentes en suivant un modèle technologique de smart city, qui en réalité n’existe pas, mais bien d’essayer de faire la ville intelligemment, avec les citoyens et les forces vives », conclut le responsable de la mission Villes et territoires intelligents du Cerema.
En savoir plus sur le Cerema
Le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) est un établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques, placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et du ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Les métiers du Cerema s'organisent autour de 6 domaines d'action complémentaires visant à accompagner les acteurs territoriaux dans la réalisation de leurs projets. Expertise et ingénierie territoriale, bâtiment, mobilités, infrastructures de transport, environnement et risques, mer et littoral
Les métiers du Cerema s'organisent autour de 6 domaines d'action complémentaires visant à accompagner les acteurs territoriaux dans la réalisation de leurs projets. Expertise et ingénierie territoriale, bâtiment, mobilités, infrastructures de transport, environnement et risques, mer et littoral