Si les USA possèdent encore de grands espaces naturels, la plupart des américains est loin, leur président en tête, d'avoir la fibre écologiste. C'est même, avec la Chine, le pays qui émet le plus de dioxyde de carbone. Mais si une grande partie de la population est plutôt climato-sceptique, certains américains commencent à imaginer un avenir meilleur pour leur pays. C'est le cas de Syd Kitson, un ancien joueur de football américain devenu promoteur immobilier.
En 2006, le concept de consommation écoresponsable, soutenu par le vice-président américain démocrate Al Gore, commence à séduire les américains les plus aisés et notamment les stars d'Hollywood. C'est à cette époque que Syd Kitson, également convaincu, se lance dans la construction d'une ville nouvelle, entièrement écologique, sur le modèle des villes nouvelles chinoises qui fonctionnent aux énergies renouvelables.
Il achète alors un terrain de 38 000 hectares au sud de Fort Myers, en Floride, un état de la cote est qui bénéficie d'un fort taux d'ensoleillement. Il conserve 8 000 hectares pour construire la ville et revend le reste à l'état de Floride pour qu'il en fasse une vaste réserve naturelle. Mais crise économique oblige, les américains se désintéressent du projet. D'autant que les premières maisons de Babcock sont commercialisées aux alentours de 500 000 dollars, soit le double du prix habituel dans cet état. Il peine donc à trouver des acheteurs.
Depuis l'an dernier, une partie des américains ne partage pas la politique de Donald Trump en matière d'énergie. Le concept de Babcock, considéré par certains comme une ville du futur, refait donc surface.
Qu'est ce qui fait de Babcock, une ville pas tout à fait comme les autres, surtout aux USA ? En premier lieu parce que tout a été imaginé pour ne pas avoir recours aux énergies fossiles. Donc pas de pétrole, ni de gaz de schiste, mais de l'électricité produite par une immense ferme solaire, pour les 20 000 foyers envisagés dans cette ville nouvelle. Cette ferme de plus de 180 hectares, gérée par Florida Power and Light, une société d’électricité locale, alimente les maisons construites d'après les normes écologiques les plus récentes mais aussi les voitures, les transports et l'éclairage public. Même les habitations et commerces sont recouverts de panneaux photovoltaïques.
Tout est mis en œuvre pour réduire l'empreinte carbone et mieux gérer les ressources
Cette électricité n'alimente pas seulement les foyers, c'est aussi elle qui permet à la ville de mettre à disposition des habitants des transports publics sans chauffeur. C'est d'ailleurs la navette toulousaine EasyMile de Transdev, qui a été choisi pour desservir la ville, les habitants étant fortement incités à laisser leur voiture personnelle au garage.
Tout est donc fait pour changer les habitudes de consommation énergétiques des américains, et ce n'est pas chose aisée dans ce pays plutôt énergivore. De larges voies de circulation, à l'exemple des centre-villes européens, permettent de se déplacer à pied ou à vélo pour se rendre dans les commerces de proximité. Les grands supermarchés n'ont pas été envisagées dans le projet, tout comme un parcours de golf, trop gourmand en eau, pourtant très couru dans les villes nouvelles outre-Atlantique.
Pas de gaspillage, même pour l'eau. Celle-ci est entièrement recyclée. Des puits permettent d'alimenter les fontaines et les habitations en eau. Et une station d'épuration a même été spécialement construite. Pour autant, pas question d'abandonner le confort à l'américaine, et notamment les piscines. Pour en réduire l'empreinte carbone, les habitants doivent accepter de vivre dans des maisons plus petites que d'ordinaire, 160 m2 au lieu des 250 m2 habituels pour une famille moyenne aux USA.
Homme d'affaires, devenu militant pour la cause environnementale, Syd Kitson est persuadé que son modèle de ville verte devrait séduire des Américains, de plus en plus nombreux, qui rêvent d’un mode de vie qui s’inscrive dans une démarche plus écologique que celle qu'ils connaissaient jusqu'à maintenant. Pour faciliter l'accès de la ville aux familles plus modestes, et démontrer que la protection de l'environnement ne touche pas uniquement les familles les plus aisées, le promoteur immobilier propose désormais des maisons plus accessibles, à partir de 200 000 dollars (160 000 euros).