Pareil aux humains, les animaux ont droit à leur part de quiétude. Particulièrement sensibles aux bruits environnementaux, ceux qui vivent dans les parcs zoologiques, le plus souvent installés aux abords des grandes villes, sont particulièrement impactés par l'agitation urbaine.
« La réglementation sur la protection animale stipule que le cadre de vie offert par les zoos doit être suffisamment silencieux et calme. Les animaux ne doivent pas être continuellement exposés aux bruits environnants », explique Kirsi Pynnönen-Oudman, professeur auxiliaire et coordinateur des de recherche de l'île où est installé le parc animalier finlandais.
Si certains secteurs de l'île de Korkeasaari, sont plutôt calmes, les bruits de la capitale Finlandaise, située à quelques encablures, traversent aisément le bras de mer pour perturber les résidents du zoo situé sur la partie occidentale de l'île. Outre les bruits de circulation, les chantiers en cours dans le voisinage constituent autant de sources de pollution sonore.
Le zoo d’Helsinki et le service innovation de la ville d’Helsinki, Forum Virium Helsinki, ont lancé une étude portant sur l’impact du développement urbain sur le bien-être des animaux. La première phase consistera à mesurer les niveaux moyens des bruits parvenant à Korkeasaari ainsi que les pics de bruits soudains. L’effet du bruit sur les animaux est étudié au travers de différents changements comportementaux et métaboliques.
D'après les analyses initiales, le niveau sonore varie dans les différents secteurs de l’île. Il semble que ce soit les travaux urbains qui engendrent le plus de bruit dans les habitats des tigres, des gypaètes barbus et des markhors. Le Forum Virium met en pratique son savoir-faire relatif à la surveillance des niveaux sonores et de la qualité de l'air en milieu urbain grâce à une technologie intelligente.
« Faire d’Helsinki une ville intelligente en utilisant les technologies smart pour améliorer le bien-être de ses habitants ».
Afin de garantir un cadre suffisamment tranquille aux animaux, le zoo d’Helsinki et le Forum Virium Helsinki analysent les niveaux sonores sur l'ensemble du parc animalier, à l'aide d'une technologie IoT, (Internet des Objets). En plus des instruments de mesure du bruit ambiant, des capteurs ont été installé à proximité des enclos du tigre et des gypaètes barbus.
« Forum Virium Helsinki a déjà utilisé l’IoT pour la mesure des niveaux sonores et de la qualité de l’air en environnement urbain dans le cadre de l’un des volets du projet mySMARTLife de la ville d'Helsinki », explique Silja Peltonen, gestionnaire de portefeuille du Forum Virium Helsinki. « Pour créer la carte du bruit de Korkeasaari, nous exploiterons le savoir-faire précédemment acquis ». Et de pousuivre : « L’objectif de Forum Virium Helsinki est de faire d’Helsinki la ville la plus intelligente du monde, en utilisant les technologies smart pour améliorer le bien-être de ses habitants », qu'il s'agisse d'humains ou d'animaux, les expériences auprès des uns pouvant profiter aux autres.
Une application spécifique, Ambiciti, a été créé par la startup éponyme, structure experte de l'IoT, des systèmes distribués mobiles et les villes numériques, en collaboration avec l'Inria (institut national de recherche dédié au numérique). Les employés vont désormais utiliser l'application sur leurs smartphones afin de mesurer le niveau sonore dans différents secteurs de l’île.
Toutes ces informations vont permettre de dresser des cartes sonores du zoo d’Helsinki, grâce au service de transmission de données environnementales de l'application. Cette dernière est également accessible au public lequel peut ainsi connaître la qualité de l'air et le bruit ambiant auxquels ils sont exposés dans leur vie quotidienne.
A ce jour aucune recherche approfondie des effet des bruits urbains n'avait été effectuée auprès des animaux sauvages. D'ordinaire, on mesure le niveau de cortisol, une hormone stéroïde considérée chez les humains comme chez les animaux, comme l'hormone du stress. Les techniques IoT permettent de mesurer les effets du bruit à moindre coût et l'étude menée à Helsinki ouvre la voie dans ce domaine.