Un béton de bois pour réduire l’impact carbone des bâtiments


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Vendredi 18 Février 2022 à 14:45

Le secteur du bâtiment, acteur important de la ville, s’investit dans la transition écologique. En Isère, une entreprise a réussi à produire le premier « béton de bois », un matériau innovant et écologique qui entre déjà dans la construction des futurs ensembles immobiliers. Et la révolution en la matière est telle qu’elle intéresse le cimentier Lafarge.


Construction d'un bâtiment en béton bois (Source CCB Greentech)
En matière d’innovation et de recherche de réduction de l’impact carbone des matériaux et des systèmes constructifs, le secteur du bâtiment n’est pas en reste. Après les constructions qui utilisent de plus en plus de structures en bois, voici qu’un nouveau matériau à fait son apparition en fin d’année dernière : le béton de bois.
 
Mais qu’est-ce donc ce matériau, baptisé « TimberRoc », produit en Isère par une petite entreprise : « CCB Greentech  ». Ce matériau du futur, qui devrait permettre de construire des bâtiments à l’impact écologique relativement faible, est constitué d’un peu de ciment et 90% de bois issus des forêts iséroises et broyé dans les scieries de la même région. Grâce à cela ce nouveau matériau n’affiche pas un bilan carbone neutre, mais négatif :  -230kg de CO2e par m3 de béton de bois TimberRoc. Une vraie révolution dans le secteur de la construction. 
 
« On emprisonne le carbone accumulé par les arbres durant des décennies dans le béton de bois sur un temps long. Résultat, on a ce bilan carbone négatif », précise Laurent Noca, co-inventeur de la société CCB Greentech, au micro de France TV. 
 
Le mécanisme de la photosynthèse qui permet aux arbres et aux végétaux de manière générale, de capter le carbone présent dans l’atmosphère pendant sa croissance, est bien connu. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne faut pas détruire les forêts et au contraire végétaliser le plus possible pour que ce mécanisme agisse au mieux, y compris au cœur des villes. Ce carbone se trouve emprisonné dans les débris de bois que l’entreprise CCB Grentech utilise pour la préparation de son béton de bois. 
 
« Cette technologie marque une énorme rupture avec les techniques traditionnelles de construction »

Si ce béton de bois est écologique par sa fabrication, il est surtout très isolant, avec des performances thermiques exceptionnelles et beaucoup plus léger que le béton classique, lequel est par ailleurs très polluant à fabriquer. Selon le concepteur, une soixantaine de bâtiments utilisant ce béton d’avenir sont déjà sortis de terre et nul doute que la production devrait s’accélérer, architectes et constructeurs étant désormais engagés comme beaucoup d’entreprises, dans une démarche de transition écologique. Et ce « béton vert » va beaucoup les aider. D’autant que l’entreprise produit en usine des murs porteurs qui seront utilisés pour la construction, en lieu et place du béton banché qu’ils utilisent habituellement. Un gain de temps mais aussi de manutention. 
 
« Tout ce savoir-faire que l’on a accumulé depuis 15 ans, on le met en licence technologique auprès d’industriels. Ils vont désormais pouvoir fabriquer ce béton de bois, le mettre en œuvre et le commercialiser pour des chantier assez variés allant du logement au tertiaire », poursuit Laurent Noca.
 
Selon la petite entreprise, « cette technologie marque une énorme rupture avec les techniques traditionnelles de construction et offre à nos partenaires préfabricants une véritable alternative en termes d’écoconstruction, de technicité, d’isolation et de rapidité de mise en œuvre ». Cette révolution verte en matière de matériaux de construction rend possible la fabrication hors site de murs porteurs et de prédalles à bilan carbone négatif pour de multiples applications dans la construction d’habitats collectifs, de bâtiments tertiaires, bâtiments publics et ERP, maisons individuelles et habitations légères de loisirs. 
 
Cette technologie intéresse même les cimentiers, à l’exemple du groupe Lafarge qui est même entré au capital de l’entreprise iséroise. De quoi voir l’avenir avec sérénité. 
 






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