Transition écologique : les défis à relever ne manquent pas pour Nicolas Hulot


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Jeudi 1 Juin 2017 à 15:45

Il avait décliné toutes les invitations précédentes. L’ex-journaliste, animateur TV et écologiste Nicolas Hulot a finalement accepté le poste de ministre d’État de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement d’Édouard Philippe. Attendu au tournant, le nouveau ministre qui se sait assis sur plusieurs bombes à retardement sera à Angers le 5 juin pour soutenir l’ancien porte-parole de sa fondation, Matthieu Orphelin.


Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ( photo officielle Arnaud Bouissou / Terra)
Je ne suis pas naïf, je sais que ce ne sera pas un chemin parsemé de ­pétales de roses » déclarait le 29 mai dernier, au JDD et Europe 1, le ministre d’État Nicolas Hulot. Lui qui a longtemps hésité à s’engager politiquement, déclinant les mains tendues de plusieurs présidents de la République, à 62 ans il a répondu favorablement à Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe.
 
Placé en haut de l’échelle ministérielle, juste derrière le ministre de l’Intérieur, le nouveau ministre va être confronté à de nombreux défis en matière d’énergie et d’environnement avec notamment la place du nucléaire dans la fourniture d’électricité sur l’hexagone,  le développement des énergies renouvelables, le financement de la transition énergétique et la fiscalité carbone. Sans compter des dossiers brûlants comme la fermeture de Fessenheim, le site d’enfouissement de Bure, le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes ou encore les OGM et le gaz de schiste.
 
Les points de désaccord sont nombreux, comme le nucléaire que le président Macron considère comme un choix d’avenir. « Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qu'ils ont dit hier, mais ce que nous allons faire ensemble demain. Tout le monde connaît ma position. Elle n'a pas changé », confirme Nicolas Hulot à ceux qui prédisent qu’il ne tiendra pas six mois.
 
 « En me nommant, le président de la République et le Premier ministre n'ont pas choisi un magicien. J'hérite du ministère du temps long et je veux convaincre que l'on peut faire de la contrainte écologique une magnifique opportunité », a poursuivi Nicolas Hulot lors de l’entretien qu’il a accordé à peine installé. « Être ministre est aussi une façon d'aller au bout de mon engagement, de me dire que pour ce combat, qui est celui d'une vie, j'aurai tout essayé ».
 
« Il devra en permanence peser dans les arbitrages internes au gouvernement sur la mobilisation des ressources publique »
 
Mais face aux lobbies qui font le siège des ministères depuis des années, il devra batailler ferme pour conserver ses positions. C’est sur ce champ de bataille là que l’attendent ceux qui le considèrent comme un écologiste de salon. « Emmanuel Macron et Édouard Philippe connaissent mes convictions. Il y a des choses inadmissibles que je ne laisserai pas passer par exemple dans la pratique de grands semenciers, qui représentent pour moi le pire visage du capitalisme, de la mondialisation » .
 
Si Nicolas Hulot apporte sa popularité et son expertise sur les sujets de l’énergie et environnement, « il devra en permanence peser dans les arbitrages internes au gouvernement sur la mobilisation des ressources publiques » souligne le directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières à Paris-Dauphine, Patrice Geoffron, dans « Connaissance des Énergies  ».
 
Au-delà des grands dossiers structurants, Nicolas Hulot devra surtout avancer sur des chantiers qui seront moins à l’avant-scène, telles que l’économie circulaire et la biodiversité tout en  mettant en œuvre la coopération prônée par le nouveau Premier ministre dans des domaines de compétence partagée par exemple l’agriculture durable.
 
« Dès lors que Nicolas Hulot est convaincu que la transition est un projet de société, il devra à la fois en convaincre ses concitoyens et faire partager cette vision au sein du gouvernement », ajoute Patrice Geoffron . « Enfin, Nicolas Hulot garde dans ses compétences les négociations climatiques, dont il connaît bien les rouages, pour «  veiller » sur l’Accord de Paris  ».
 
Le boulevard Saint-Germain ne sera donc pas un long fleuve tranquille …  Loin de Saint-Lunaire sur la côte bretonne où il a installé sa maison de famille.





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