Smart Geneva : un territoire durable, responsable et citoyen


le Jeudi 24 Mars 2022 à 18:50

Pour la plupart des collectivités, la smart city est une ville qui utilise les technologies de l'information et de la communication pour améliorer la qualité des services public et en réduire les coûts aux profits d’usagers qui n’en mesurent pas vraiment les résultats. D’autres villes et territoires, à l’exemple de l'Etat de Genève (Suisse), ont choisi une autre voie : celle de transformer un territoire, pour et avec les habitants. Décryptage avec Patrick MONTIER, smart city manager.


La ville de Genève, au coeur du Canton du même nom et de sa métropole qui s'étend jusqu'en France (photo illustration Adobe Stock)
La ville de Genève, au coeur du Canton du même nom et de sa métropole qui s'étend jusqu'en France (photo illustration Adobe Stock)
Réduire les coûts énergétiques des bâtiments publics et de l’éclairage, mesurer la qualité de l’air, optimiser les flux de circulation, gérer les déchets, assurer la sécurité des citoyens…, autant de points durs que les villes et leurs métropoles peuvent désormais optimiser grâce à des capteurs et des plateformes de supervision. Plus besoin de se déplacer, les techniciens de villes peuvent traquer à distance la moindre défaillance tout en faisant faire des économies à la collectivité. C’est le concept très en vogue de la Smart City, traduit en français par ville intelligente, ou plutôt ville connectée, terme certainement plus approprié
 
Si les entreprises du numérique ont saisi l’opportunité de ces installation high-tech, les usagers des villes concernées n’en mesurent pas toujours les enjeux. En effets, si ces équipements numériques sont susceptibles d’améliorer les services au public et réduire les coûts, ils n’entrainent pas ipso facto, une baisse de la fiscalité. Et pour cause, la facture de l’installation et de la mise en service de tous ces services digitaux, est plutôt salée. 105,3 millions d'euros hors taxes en 2019, dont 53 millions d'euros d'investissements, pour le centre de supervision urbaine « On Dijon » de Dijon Métropole, le premier système d’envergure métropolitaine installé en France. 180 millions pour la métropole d’Angers (49) qui ambitionne de devenir le premier territoire intelligent de France.
 
Au vu du coût de ces équipements technologiques on peut légitimement se poser la question du retour sur investissement, alors que la ville connectée, plus que vraiment intelligente, ne résout pas pour autant les problèmes de pollution, de circulation, de sécurité, de bien vivre ensemble…  
 
« La technologie est indispensable, mais ça reste un outil, pas un but »

 « On a quand même besoin de la technologie pour régler les problèmes de pollution, de trafic en ville, on est obligé de mesurer et de collecter des informations afin de prédire différents scénarios », déclare Patrick MONTIER, smart city manager de « Smart Geneva  », une plateforme Smart City « pour et avec les citoyens » l'Etat de Genève et des villes françaises voisines (Métropole du Grand Genève).  « La technologie est indispensable, mais ça reste un outil, pas un but. La finalité ce n’est pas d’installer des capteurs pour récupérer des données dont on ne sait pas toujours quoi faire ».
 
Lancée il y a maintenant deux ans, « Smart Geneva est une démarche qui va porter des solutions concernant les conséquences de l’urbanisation », précise Patrick MONTIER. La métropole genevoise s’est considérablement étendue ces dernières années ce qui amène, comme toutes les grandes métropoles, des tensions au niveau de la circulation, de l’étalement urbain, de l’eau, sans compter la prise en compte du réchauffement climatique. « Le GIEC prévoit de températures qui sont celles du sud de l’Italie. Dès il faut que la ville puisse s’adapter », poursuit Patrick MONTIER. « Notre démarche Smart City est plutôt orientée vers le bien-être des citoyens et la résilience du territoire. Même si nous avons besoin de technologie, nous ne sommes pas sur une vision de la Smart City purement technologique. Nous avons une vision plus pragmatique où nous mettons le citoyen au cœur de notre démarche ». 
 
« On est persuadé qu’il faut aussi beaucoup expérimenter, à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, et tirer un bilan pour voir si on peut passer à une plus grande échelle »

L’originalité de Smart Geneva, repose sur un principe, celui de fédérer tous les acteurs du territoire qui ont des solutions innovantes. Ça passe par les entreprises, petites et grandes qui sont à même de proposer des solutions qui apporteront des services aux usagers. Qu’il s’agisse de géothermie, d’économie circulaire ou encore la végétalisation des bâtiments, la métropole active l’intelligence collective des citoyens, avec des projets dans lesquels chacun pourra se retrouver. « Ces entreprises travaillaient dans leur coin, elles étaient peu visibles, surtout les plus petites. Notre première action a été de construire une communauté d’acteurs engagés dans la transformation du territoire », appuie Patrick MONTIER.
 
Pour aller plus loin et faire du projet de Smart City un acte politique fort, le canton de Genève accompagne les entreprises, les aide à trouver des financements, des partenaires techniques et financiers. « On est persuadé qu’il faut aussi beaucoup expérimenter, à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, et tirer un bilan pour voir si on peut passer à une plus grande échelle », ajoute le Smart City manager. Et les exemples ne manquent pas, qu’il s’agisse d’un outil de captation de signatures sonores des véhicules pour effectuer des comptages plus efficaces, ou encore des automates à colis, permettant aux habitants de récupérer une commande, de jour comme de nuit et toute l’année. 
 
Pour les initiateurs de Smart Geneva, il s’agit de faire de la ville une solution et non un problème, sachant que la ville idéale est complexe à imaginer. Il est donc important de repenser les modes de mode de vie pour réduire l’empreinte écologique des aires urbaines, tout en améliorant en continu, la qualité de vie des habitants. Le projet genevois passe aussi par une urbanisation compatible avec la protection de la biodiversité.
 
« Quant à la technologie, elle est », pour les représentant de l'Etat, comme pour les différents acteurs économique, culturels et sociaux, « utile que si elle est durable, responsable et au service de la qualité de vie », comme le précise la plateforme Smart Geneva, sur laquelle chacun peut proposer un projet pour le bien commun. Un exemple à suivre, même si, comme le précise Patrick MONTIER, « c’est compliqué d’avoir des citoyens suffisamment représentatifs. Ce sont souvent les mêmes et le plus souvent des associations ». 

Pour en savoir plus : https://www.smart-geneva.ch
 






              

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