Proposer des points d’accès à Internet pour utiliser les services numériques avec une aide physique dans les lieux de proximité (Photo LDD Pixabay)
Les usages d’Internet varient en fonction du lieu de résidence. D’après le dernier baromètre du numérique de l’ARCEP, 52 % des non-internautes résident dans des communes de moins de 20 000 habitants. Aujourd’hui, 9,5 % de la population vit dans des communes où ni la 4G ni un débit de 30 Mbit/s n’est accessible. L’absence de connexion de qualité à Internet, fixe ou mobile, influence l’équipement des ménages et leurs usages.
Le déploiement d'une stratégie smart city ne peut se faire sans usages individuels installés. Étant données les différences actuelles dans le déploiement du réseau et dans les usages, le risque serait de créer des projets dans les territoires les plus connectés sans anticiper les besoins de ceux qui ne le sont pas encore. Sans coordination suffisante, il pourrait y avoir un morcellement du territoire national où des stratégies smart cities émergeraient sans pouvoir, à terme, s’intégrer les unes avec les autres.
Si de tels risques se matérialisaient, les territoires aujourd’hui peu connectés pourraient se retrouver à la frontière de plusieurs projets non interopérables. Rappelons que, d’après l’Insee, les communes multipolarisées expliquent 19 % de la croissance démographique de 2006 à 2011 alors qu’elles n’abritent que 10 % de la population. C'est pourquoi il faut à la fois poursuivre le déploiement territorial de réseaux haut débit et coordonner les stratégies smart city pour qu'elles soient interopérables, et permettent un maillage territorial fin dans le futur, si tel était le choix des différents EPCI.
En dehors de l’accès territorial aux outils numériques, il faut prêter une attention particulière aux inégalités sociales tant dans l’accès que dans les usages. Une source directe d’inégalité sociale tient au coût de l’équipement et de l’abonnement numérique. Ainsi, 16 % des personnes qui ne disposent pas d’une connexion Internet à domicile mettent en avant un coût trop élevé. La complexité d’installation est quant à elle mise en avant par 9 % des personnes concernées, ce qui montre l’importance des compétences instrumentales pour l’accès aux outils numériques.
À cela s’ajoutent les inégalités qui apparaissent et s’amplifient autour des modes d’usage. C’est ce que Hargittaï (2002) désigne comme « fracture numérique au second degré » (second order digital divide). Selon l’agence nationale du numérique, 16 % des Français ne se sentent pas capables d’effectuer une démarche administrative en ligne et 40 % sont inquiets à l’idée d’en effectuer une. Pallier le déficit en termes d’équipement et de connexion est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour réduire les inégalités sociales issues de la diffusion du numérique dans la société.
Les collectivités territoriales qui mettent en place des projets « smart cities » doivent prendre conscience de ces différences d’accès et d’usages et veiller à ce que la numérisation ne conduise pas à une qualité de services publics dégradée pour les publics les moins « digitaux ». Cela peut conduire à mettre en place des bornes d’accès à Internet à différents points de la ville, pour limiter les différences de taux d’équipement. Cela peut aussi conduire à une politique d’accompagnement des publics les plus éloignés du numérique pour leur présenter les nouveaux services. Enfin, cela doit appeler une réflexion forte sur l’ergonomie des services numériques proposés. Encore une fois, la politique publique doit être pensée en fonction de l'expérience utilisateur.
Pour prévenir la fracture numérique sociale il est opportun de proposer des points d’accès à Internet pour utiliser les services numériques mis en œuvre dans le cadre de la stratégie smart city en veillant à proposer une aide physique dans des lieux de proximité pour l’accès à ces services et travailler l’ergonomie des sites pour garantir une prise en main facile afin de limiter les risques d’exclusion d’une partie de la population de cette nouvelle offre de services.
Prochaine et dernière tribune de Luc Belot le samedi 15 juillet : « Renforcer les outils des collectivités pour de nouvelles missions »
Le déploiement d'une stratégie smart city ne peut se faire sans usages individuels installés. Étant données les différences actuelles dans le déploiement du réseau et dans les usages, le risque serait de créer des projets dans les territoires les plus connectés sans anticiper les besoins de ceux qui ne le sont pas encore. Sans coordination suffisante, il pourrait y avoir un morcellement du territoire national où des stratégies smart cities émergeraient sans pouvoir, à terme, s’intégrer les unes avec les autres.
Si de tels risques se matérialisaient, les territoires aujourd’hui peu connectés pourraient se retrouver à la frontière de plusieurs projets non interopérables. Rappelons que, d’après l’Insee, les communes multipolarisées expliquent 19 % de la croissance démographique de 2006 à 2011 alors qu’elles n’abritent que 10 % de la population. C'est pourquoi il faut à la fois poursuivre le déploiement territorial de réseaux haut débit et coordonner les stratégies smart city pour qu'elles soient interopérables, et permettent un maillage territorial fin dans le futur, si tel était le choix des différents EPCI.
En dehors de l’accès territorial aux outils numériques, il faut prêter une attention particulière aux inégalités sociales tant dans l’accès que dans les usages. Une source directe d’inégalité sociale tient au coût de l’équipement et de l’abonnement numérique. Ainsi, 16 % des personnes qui ne disposent pas d’une connexion Internet à domicile mettent en avant un coût trop élevé. La complexité d’installation est quant à elle mise en avant par 9 % des personnes concernées, ce qui montre l’importance des compétences instrumentales pour l’accès aux outils numériques.
À cela s’ajoutent les inégalités qui apparaissent et s’amplifient autour des modes d’usage. C’est ce que Hargittaï (2002) désigne comme « fracture numérique au second degré » (second order digital divide). Selon l’agence nationale du numérique, 16 % des Français ne se sentent pas capables d’effectuer une démarche administrative en ligne et 40 % sont inquiets à l’idée d’en effectuer une. Pallier le déficit en termes d’équipement et de connexion est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour réduire les inégalités sociales issues de la diffusion du numérique dans la société.
Les collectivités territoriales qui mettent en place des projets « smart cities » doivent prendre conscience de ces différences d’accès et d’usages et veiller à ce que la numérisation ne conduise pas à une qualité de services publics dégradée pour les publics les moins « digitaux ». Cela peut conduire à mettre en place des bornes d’accès à Internet à différents points de la ville, pour limiter les différences de taux d’équipement. Cela peut aussi conduire à une politique d’accompagnement des publics les plus éloignés du numérique pour leur présenter les nouveaux services. Enfin, cela doit appeler une réflexion forte sur l’ergonomie des services numériques proposés. Encore une fois, la politique publique doit être pensée en fonction de l'expérience utilisateur.
Pour prévenir la fracture numérique sociale il est opportun de proposer des points d’accès à Internet pour utiliser les services numériques mis en œuvre dans le cadre de la stratégie smart city en veillant à proposer une aide physique dans des lieux de proximité pour l’accès à ces services et travailler l’ergonomie des sites pour garantir une prise en main facile afin de limiter les risques d’exclusion d’une partie de la population de cette nouvelle offre de services.
Prochaine et dernière tribune de Luc Belot le samedi 15 juillet : « Renforcer les outils des collectivités pour de nouvelles missions »
LUC BELOT, auteur du rapport De la Smart City au Territoire d’Intelligence[s], remis au Premier ministre Bernard Cazeneuve, le 18 avril 2017, alors qu'il était député de la 1ère circonscription de Maine-et-Loire. Entre 2015 et 2016, il fut rapporteur du projet de loi pour « une République numérique » et du projet de transposition de directive sur la gratuité, les modalités et la réutilisation des informations du secteur public, dite directive PSI (Public sector information).
Son intérêt pour le numérique, de longue date, s’inscrit également dans des actions locales et notamment lorsqu’il était adjoint à l’éducation de la ville d’Angers, en menant une expérimentation sur la réorganisation des rythmes scolaires et en déployant 1300 tablettes dans les classes du primaire. Il est également l’un des artisans du cluster industriel La cité de l’objet connecté, à Angers, issu du programme Nouvelle France Industrielle.
Son intérêt pour le numérique, de longue date, s’inscrit également dans des actions locales et notamment lorsqu’il était adjoint à l’éducation de la ville d’Angers, en menant une expérimentation sur la réorganisation des rythmes scolaires et en déployant 1300 tablettes dans les classes du primaire. Il est également l’un des artisans du cluster industriel La cité de l’objet connecté, à Angers, issu du programme Nouvelle France Industrielle.