Peste Noire et Mondialisation, prémices d’une crise écologique ?


Rédigé par le Lundi 12 Aout 2024 à 10:00

Quel est le rapport entre l’épisode de la Peste Noire et notre situation écologique actuelle ? Un nouveau titre trompeur ?
Et bien non ! La peste noire est l’une des premières démonstrations de l’impact sur les sociétés et les écosystèmes de la mondialisation, elle-même grandement responsable des dérives du consumérisme avec « The Great Acceleration ». Intriguez ? Plongez avec moi au cœur de l’histoire !


Rappel Historique

La peste a ravagé l'Europe à plusieurs reprises, marquant profondément son histoire. La première grande épidémie, la peste Justinienne, éclata en 541 et se propagea rapidement dans l'Empire byzantin, tuant des millions de personnes et affaiblissant l'empire. Ensuite, la peste noire fit son apparition au milieu du XIVe siècle, entre 1347 et 1351, décimant environ un tiers de la population européenne. Cette pandémie, causée par la bactérie Yersinia pestis, est l'une des catastrophes les plus dévastatrices de l'histoire humaine, provoquant d'immenses pertes démographiques, économiques et sociales. Enfin, au XVIIe siècle, des vagues récurrentes de peste continuèrent à frapper l'Europe, notamment la grande peste de Londres en 1665-1666, qui tua environ 100 000 personnes, soit un cinquième de la population de la ville. Ces différentes épidémies ont profondément influencé les sociétés européennes, laissant des traces indélébiles dans les mentalités, les arts et les sciences.

Le point commun ? La vitesse de propagation de la maladie, favorisée par les voies commerciales et d’échanges de plus en plus structurées et diverses : la mondialisation.

Mais quel est le rapport avec le changement climatique ?
J’y viens tout de suite. 
 

Développement de la mondialisation

Le lien se fait naturellement avec le concept de la mondialisation. Imaginons deux villages situés à 10 km l’un de l’autre. Dans un premier temps, aucun contact n’est permis entre les habitants. Toute la production de chaque village se destine à subvenir à sa propre existence de manière raisonnée, le transport est de courte distance, il n’y pas de propagation de maladies. Un jour, une route se créée entre les deux villages permettant les échanges. A partir de ce moment, c’est l’escalade. Les habitants du village A vont convoités les ressources dans le village B, source de tensions, d’échanges, de déplacement. Pour vendre au village voisin, chaque village va produire plus, couper plus d’arbres pour leurs champs, pêcher plus de poisson. Cette augmentation de l’apport énergétique disponible va permettre de nourrir plus de personnes et donc augmenter la taille des deux villages. Les revenus de ces échanges vont permettre d’augmenter le confort de vie des habitants, qui ne se soucient aucunement des écosystèmes qu’ils ravagent pour satisfaire leurs besoins de confort grandissant. C’est l’effet boule de neige.
 
Ce phénomène observable depuis post WWII est nommé « The Great Acceleration ». Les échanges entre les pays explosent, favorisés par des moyens de transports toujours plus efficace et moyens de productions d’échelle industrielle, la démographie s’envole, ainsi que les impacts sur les différents systèmes biologiques et minéraux.

Impact sur le changement climatique

"The Great Acceleration" a profondément transformé l'environnement, entraînant une augmentation exponentielle des émissions de gaz à effet de serre, la déforestation massive, et la perte rapide de biodiversité. La croissance industrielle et la consommation énergétique ont conduit à une pollution de l'air et de l'eau à grande échelle. L'urbanisation rapide et l'expansion agricole ont fragmenté les habitats naturels, perturbant les écosystèmes et menaçant de nombreuses espèces. La surpêche et l'exploitation minière intensive ont également contribué à l'épuisement des ressources naturelles. En conséquence, les écosystèmes mondiaux subissent une pression sans précédent, exacerbant les effets du changement climatique et compromettant la résilience environnementale.

Les prochaines tendances

Qui sait où s’arrêtera « The Great Acceleration » ?

Dans l’ouvrage « Limit to Growth » paru en 1972 (connu sous le nom de rapport Meadows ou rapport du Club de Rome), l’un des premiers modèles de simulation des ressources terrestres (world3) prédisait déjà ce phénomène d’emballement. Le dénouement est une créature bicéphale : une volonté commune de réduire cet emballement en réduisant la pression sur les écosystèmes et la production de CO2 ou subir un arrêt brutal, lié à la dilapidation des ressources et des tensions géopolitiques. C’est le dilemme de la transition consentie ou subie.

Pour ma part, je pense que rester acteur de son destin en maîtrisant son empreinte écologique est primordial.

Quant est-il du reste de l’humanité ?  
« La mondialisation est de l’interdépendance sans solidarité » de Edgar Morin, politologue, scientifique et homme politique  


Ingénieur de formation et passionné des questions & enjeux autour de l'environnement, j'ai le… En savoir plus sur cet auteur



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