La ville de Singapour (Malaisie). Chaque ville constitue une opportunité économique pour nos entreprises, en France comme à l'étranger (Photo LDD Pixabay)
Le marché global de la smart city fait l’objet d’évaluations diverses. À l’horizon de 2020, différentes études le situent entre 400 Md$ et 1 600 Md$. Un consensus semble se dessiner autour de 1 050 Md$. En réalité, ces études estiment davantage le marché de la ville, y compris dans sa dimension numérique, que de la seule couche numérique qu'on pourrait entendre dans smart city.
La France dispose d’une expertise reconnue mondialement dans les marchés des services publics locaux (eau, énergie, déchets, notamment), ce qui place ses entreprises dans des positions dominantes dans leurs marchés respectifs. L’enjeu pour les entreprises françaises consiste à bénéficier de ces perspectives de croissance en conservant une position de leader sur les métiers de la ville sans devenir les équipementiers des entreprises d'infrastructures numériques ou des entreprises de services, interfaces avec l’utilisateur final comme Google, au risque d'une captation à leurs dépens de la valeur ajoutée liée à cette activité.
Les différents groupes que la mission a pu rencontrer se sont montrés à la fois conscients et préoccupés de ces problématiques. Pour y faire face, tous ont créé une offre digitale. Certains ont également conclu des partenariats avec des entreprises d’infrastructures numériques (IBM, Cisco), qui, pour leur part, cherchent à bénéficier des savoir-faire métier des groupes français.
Une seule problématique demeure, celle de l'unification de la smart city, qui, pour être plus intelligente, doit sortir de la logique verticale. Or, les entreprises de la ville sont souvent construites autour des métiers, et donc en silo.
Cependant, la France dispose également de talents dans les métiers d'intégrateurs (Schneider electric, Thalès, par exemple) et les entreprises comprennent qu'on attend d'elles des offres unifiées, notamment à l'étranger. Elles se sont montrées prêtes à travailler en consortium pour conquérir des marchés.
Des structures comme Vivapolis existent pour les aider à construire ces offres à l'étranger. La mission estime donc qu’un accompagnement supplémentaire à l’export n’est pas nécessaire, même si l'offre existante (Vivapolis, Business France) pourrait être améliorée dans son fonctionnement.
En revanche, un accompagnement permettant de développer un marché intérieur porteur bénéficierait tant à nos entreprises qu’à nos territoires. Pour ce faire, les entreprises doivent pouvoir réutiliser les innovations développées dans un territoire sur plusieurs projets.
Plusieurs freins s’y opposent aujourd’hui : la variété des situations existantes sur les données. Par exemple, d’après différents interlocuteurs de la mission (élus et entreprises), il existe en France 500 formats différents sur les seules données de transport. Cette situation crée des barrières à l’entrée sur le marché des services numériques de la ville qui n’encouragent pas l’innovation ou le développement d’une filière à l’export. La standardisation des données ou la généralisation des API est de nature à lever ce frein ; la concurrence territoriale, particulièrement forte dans le domaine de la smart city. Les collectivités perçoivent la smart city d’abord comme un outil de développement économique et d’attractivité territoriale avant de l’aborder comme une chance pour les habitants. Pour casser cette concurrence territoriale excessive, les mutualisations entre EPCI doivent être encouragées, au niveau régional par la création d’outils comme des sociétés publiques locales permettant de mutualiser la maîtrise d’ouvrage et l’ingénierie juridique. Au niveau national, l’accompagnement de divers services de l’État (SGMAP, mission d’appui au financement des infrastructures, CGET) et l’Institut de la ville durable devrait favoriser l’harmonisation des pratiques et donc l’émergence d’un marché cohérent.
Prochaine tribune, samedi 17 juin : « Des collaborations avec l'ensemble des acteurs du territoire pour offrir le meilleur service possible ».
La France dispose d’une expertise reconnue mondialement dans les marchés des services publics locaux (eau, énergie, déchets, notamment), ce qui place ses entreprises dans des positions dominantes dans leurs marchés respectifs. L’enjeu pour les entreprises françaises consiste à bénéficier de ces perspectives de croissance en conservant une position de leader sur les métiers de la ville sans devenir les équipementiers des entreprises d'infrastructures numériques ou des entreprises de services, interfaces avec l’utilisateur final comme Google, au risque d'une captation à leurs dépens de la valeur ajoutée liée à cette activité.
Les différents groupes que la mission a pu rencontrer se sont montrés à la fois conscients et préoccupés de ces problématiques. Pour y faire face, tous ont créé une offre digitale. Certains ont également conclu des partenariats avec des entreprises d’infrastructures numériques (IBM, Cisco), qui, pour leur part, cherchent à bénéficier des savoir-faire métier des groupes français.
Une seule problématique demeure, celle de l'unification de la smart city, qui, pour être plus intelligente, doit sortir de la logique verticale. Or, les entreprises de la ville sont souvent construites autour des métiers, et donc en silo.
Cependant, la France dispose également de talents dans les métiers d'intégrateurs (Schneider electric, Thalès, par exemple) et les entreprises comprennent qu'on attend d'elles des offres unifiées, notamment à l'étranger. Elles se sont montrées prêtes à travailler en consortium pour conquérir des marchés.
Des structures comme Vivapolis existent pour les aider à construire ces offres à l'étranger. La mission estime donc qu’un accompagnement supplémentaire à l’export n’est pas nécessaire, même si l'offre existante (Vivapolis, Business France) pourrait être améliorée dans son fonctionnement.
En revanche, un accompagnement permettant de développer un marché intérieur porteur bénéficierait tant à nos entreprises qu’à nos territoires. Pour ce faire, les entreprises doivent pouvoir réutiliser les innovations développées dans un territoire sur plusieurs projets.
Plusieurs freins s’y opposent aujourd’hui : la variété des situations existantes sur les données. Par exemple, d’après différents interlocuteurs de la mission (élus et entreprises), il existe en France 500 formats différents sur les seules données de transport. Cette situation crée des barrières à l’entrée sur le marché des services numériques de la ville qui n’encouragent pas l’innovation ou le développement d’une filière à l’export. La standardisation des données ou la généralisation des API est de nature à lever ce frein ; la concurrence territoriale, particulièrement forte dans le domaine de la smart city. Les collectivités perçoivent la smart city d’abord comme un outil de développement économique et d’attractivité territoriale avant de l’aborder comme une chance pour les habitants. Pour casser cette concurrence territoriale excessive, les mutualisations entre EPCI doivent être encouragées, au niveau régional par la création d’outils comme des sociétés publiques locales permettant de mutualiser la maîtrise d’ouvrage et l’ingénierie juridique. Au niveau national, l’accompagnement de divers services de l’État (SGMAP, mission d’appui au financement des infrastructures, CGET) et l’Institut de la ville durable devrait favoriser l’harmonisation des pratiques et donc l’émergence d’un marché cohérent.
Prochaine tribune, samedi 17 juin : « Des collaborations avec l'ensemble des acteurs du territoire pour offrir le meilleur service possible ».
LUC BELOT, auteur du rapport De la Smart City au Territoire d’Intelligence[s], remis au Premier ministre Bernard Cazeneuve, le 18 avril 2017, est député de la 1ère circonscription de Maine-et-Loire. Entre 2015 et 2016, il fut rapporteur du projet de loi pour « une République numérique » et du projet de transposition de directive sur la gratuité, les modalités et la réutilisation des informations du secteur public, dite directive PSI (Public sector information).
Son intérêt pour le numérique, de longue date, s’inscrit également dans des actions locales et notamment lorsqu’il était adjoint à l’éducation de la ville d’Angers, en menant une expérimentation sur la réorganisation des rythmes scolaires et en déployant 1300 tablettes dans les classes du primaire. Il est également l’un des artisans du cluster industriel La cité de l’objet connecté, à Angers, issu du programme Nouvelle France Industrielle.
Son intérêt pour le numérique, de longue date, s’inscrit également dans des actions locales et notamment lorsqu’il était adjoint à l’éducation de la ville d’Angers, en menant une expérimentation sur la réorganisation des rythmes scolaires et en déployant 1300 tablettes dans les classes du primaire. Il est également l’un des artisans du cluster industriel La cité de l’objet connecté, à Angers, issu du programme Nouvelle France Industrielle.