L'un des espaces verts présentés à Paysalia 2015 ( Crédit photo Elisabeth Rull)
Cela fait plusieurs années que nous enchaînons les saisons de sécheresse printanière et hivernale. Nous sommes préoccupés par les problématiques liées au vivant qui est chamboulé, chahuté par le réchauffement climatique », explique Antoine Deltour, finaliste du Carré des Jardiniers 2019. « Dans notre région, certaines essences ne sont plus recommandées car trop fragiles. Nous devons adapter notre palette végétale et nous orienter vers des variétés d’arbres plus méditerranéen. Nous avons également la volonté de travailler avec les sols en place et de ne pas trop les déstructurer. Nous adaptons les végétaux aux conditions du sol et non l’inverse ».
Au front de la végétalisation des villes et ce que leur métier peut apporter en matière de régularisation des températures et du climat, lequel progresse inéluctablement vers des températures de plus en plus hautes, les paysagistes doivent adapter leurs pratiques et réaliser un travail de pédagogie à l’attention de leurs clients. Même s’ils ont à cœur de maintenir la diversité végétale de chaque région, les essences utilisées ne sont plus les mêmes. Trop fragiles lors des fortes chaleurs, les hêtres sont par exemple remplacés par de chênes verts, plus méditerranéen et donc plus résistants aux fortes chaleurs que nous connaissons désormais. Les oliviers et les palmacées (palmiers) sont aussi de plus en plus utilisés dans les espaces verts, démontrant sans pour autant s’en satisfaire que la hausse des températures est vécue comme une fatalité.
Cette problématique climatique est aussi celle de la préservation de la biodiversité et de la place du végétal dans les jardins. « Si nous ne sommes pas les premiers à défendre la biodiversité, personne ne le fera», souligne Sylvère Fournier, Maître Jardinier 2015. « Il faut que nous pensions des palettes végétales adaptées aux régions où nous sommes implantés ».
Désormais les pépiniéristes proposent une diversité de végétaux bien acclimatés. Leurs clients souhaitent que leurs jardins évoluent en fonction des conditions climatiques, pour ne pas les voir dépérir, être plus économes en eau. Pour eux, avoir un beau jardin ne signifie pas forcément avoir un beau gazon ! « Pour moi, c’est une hérésie de réaliser des jardins complètement morts, avec uniquement du minéral ou du gazon synthétique. Il ne faut pas faire des déserts, mais aller vers une opulence végétale différente. Notre mission principale est de rapprocher nos clients de la nature. Cela leur permet de s’évader », poursuit Sylvère Fournier.
Convaincu qu’il faut remettre le végétal au cœur du jardin, Luc Echilley, Maître Jardinier 2013, partage la même vision. Pour ce dernier, « l’enjeu est de bien faire comprendre aux jeunes et aux personnes qui souhaitent un jardin que le végétal est leur cœur de métier. « Nous ne sommes pas des constructeurs, ni des décorateurs de jardin, mais des personnes qui font naître des jardins, ce qui nécessite du temps et revêt une notion de poésie »
En effet le jardin ne se construit pas comme un produit sorti tout droit d’un catalogue. « Nous travaillons avec du vivant. Notre plus-value est liée au végétal, à la compréhension des personnes et du jardin, et non dans une approche « constructeur et décorateur », souligne Luc Echilley. « Actuellement il y a une prise de conscience actuelle du grand public sur cette importance du végétal et la nécessité de prise en compte des saisons et du temps long du jardin. L’évolution est positive ! ».
Un enjeu très prégnant en milieu urbain où la modification des centres-villes, plutôt minérales ces dernières années, impacte à la fois l’environnement, la qualité de vie et la santé. Désormais les aménagements urbains intègrent des espaces verts, non plus comme un complément, mais comme de véritables réponses aux problématiques urbaines d’ilots de chaleur, de bien-être ou encore de pollution.
« Reverdir nos villes doit être une priorité pour lutter contre les îlots de chaleur, mais également pour une question de qualité de vie », explique ainsi Laurent Gras, Maître Jardinier 2019. « Il faut amener la campagne en ville pour que les gens puissent respirer, faire des breaks. Nous avons également un travail de pédagogie à réaliser tant auprès de nos clients, pour les sensibiliser, que de nos fournisseurs, pour disposer de matériaux fiables avec un bilan carbone acceptable, et de nos collaborateurs ».
Et, selon ces maitres jardiniers, leur vision d’une ville plus verte, plus agréable à vivre, semble porter ses fruits. « Les nouvelles générations sont plus sensibles à ces questions du fait de leur formation et de la société dans laquelle ils vivent. Le tri, le recyclage et la gestion des déchets issus du paysagisme sont, par exemple, une évidence pour eux », poursuit Laurent Gras.
De toute éviendence, les jardiniers paysagistes sont les accompagnateurs des changements sociétaux actuels. Ils ont un rôle primordial à jouer et ils en sont conscients. « Nous sommes en train de vivre un changement de mode de vie dans notre quotidien, dans notre manière de consommer, de voyager, de vivre nos loisirs. Le paysagiste a un rôle à jouer en matière de communication, de pédagogie, dans ce changement de mode de vie », ponctue Anne Cabrol, Maître Jardinier 2017.
Le métier de jardinier paysagiste évolue donc pour répondre aux changements actuels, notamment climatiques et sociétaux. Les professionnels en sont convaincus, notamment les finalistes du Carré des Jardiniers, le concours organisé chaque année en collaboration avec les structures de formation et les professionnels de la filière végétale. Ils savent qu’ils ont un rôle primordial à jouer pour penser aujourd’hui le jardin du (bon) vivant de demain, thème du concours cette année.
Ouvert à tous les concepteurs et entrepreneurs du paysage, dans le cadre du salon lyonnais Physalia, le concours « Carré des Jardiniers » a été créé en 2011 par des professionnels du paysage et du jardin, dont Jean Mus architecte paysagiste de renom et Président du jury. Les candidatures sont closes depuis la mi-mars. Les professionnels ont rendez-vous du 30 novembre au 2 décembre prochain, à Lyon – Eurexpo, pour découvrir les jardins créés par les 5 finalistes de l’édition 2021 autour de la thématique du jardin du (bon) vivant !
Pour en savoir plus : www.carre-des-jardiniers.com/fr
Au front de la végétalisation des villes et ce que leur métier peut apporter en matière de régularisation des températures et du climat, lequel progresse inéluctablement vers des températures de plus en plus hautes, les paysagistes doivent adapter leurs pratiques et réaliser un travail de pédagogie à l’attention de leurs clients. Même s’ils ont à cœur de maintenir la diversité végétale de chaque région, les essences utilisées ne sont plus les mêmes. Trop fragiles lors des fortes chaleurs, les hêtres sont par exemple remplacés par de chênes verts, plus méditerranéen et donc plus résistants aux fortes chaleurs que nous connaissons désormais. Les oliviers et les palmacées (palmiers) sont aussi de plus en plus utilisés dans les espaces verts, démontrant sans pour autant s’en satisfaire que la hausse des températures est vécue comme une fatalité.
Cette problématique climatique est aussi celle de la préservation de la biodiversité et de la place du végétal dans les jardins. « Si nous ne sommes pas les premiers à défendre la biodiversité, personne ne le fera», souligne Sylvère Fournier, Maître Jardinier 2015. « Il faut que nous pensions des palettes végétales adaptées aux régions où nous sommes implantés ».
Désormais les pépiniéristes proposent une diversité de végétaux bien acclimatés. Leurs clients souhaitent que leurs jardins évoluent en fonction des conditions climatiques, pour ne pas les voir dépérir, être plus économes en eau. Pour eux, avoir un beau jardin ne signifie pas forcément avoir un beau gazon ! « Pour moi, c’est une hérésie de réaliser des jardins complètement morts, avec uniquement du minéral ou du gazon synthétique. Il ne faut pas faire des déserts, mais aller vers une opulence végétale différente. Notre mission principale est de rapprocher nos clients de la nature. Cela leur permet de s’évader », poursuit Sylvère Fournier.
« Reverdir nos villes doit être une priorité pour lutter contre les îlots de chaleur, mais également pour une question de qualité de vie. »
Convaincu qu’il faut remettre le végétal au cœur du jardin, Luc Echilley, Maître Jardinier 2013, partage la même vision. Pour ce dernier, « l’enjeu est de bien faire comprendre aux jeunes et aux personnes qui souhaitent un jardin que le végétal est leur cœur de métier. « Nous ne sommes pas des constructeurs, ni des décorateurs de jardin, mais des personnes qui font naître des jardins, ce qui nécessite du temps et revêt une notion de poésie »
En effet le jardin ne se construit pas comme un produit sorti tout droit d’un catalogue. « Nous travaillons avec du vivant. Notre plus-value est liée au végétal, à la compréhension des personnes et du jardin, et non dans une approche « constructeur et décorateur », souligne Luc Echilley. « Actuellement il y a une prise de conscience actuelle du grand public sur cette importance du végétal et la nécessité de prise en compte des saisons et du temps long du jardin. L’évolution est positive ! ».
Un enjeu très prégnant en milieu urbain où la modification des centres-villes, plutôt minérales ces dernières années, impacte à la fois l’environnement, la qualité de vie et la santé. Désormais les aménagements urbains intègrent des espaces verts, non plus comme un complément, mais comme de véritables réponses aux problématiques urbaines d’ilots de chaleur, de bien-être ou encore de pollution.
« Reverdir nos villes doit être une priorité pour lutter contre les îlots de chaleur, mais également pour une question de qualité de vie », explique ainsi Laurent Gras, Maître Jardinier 2019. « Il faut amener la campagne en ville pour que les gens puissent respirer, faire des breaks. Nous avons également un travail de pédagogie à réaliser tant auprès de nos clients, pour les sensibiliser, que de nos fournisseurs, pour disposer de matériaux fiables avec un bilan carbone acceptable, et de nos collaborateurs ».
Et, selon ces maitres jardiniers, leur vision d’une ville plus verte, plus agréable à vivre, semble porter ses fruits. « Les nouvelles générations sont plus sensibles à ces questions du fait de leur formation et de la société dans laquelle ils vivent. Le tri, le recyclage et la gestion des déchets issus du paysagisme sont, par exemple, une évidence pour eux », poursuit Laurent Gras.
De toute éviendence, les jardiniers paysagistes sont les accompagnateurs des changements sociétaux actuels. Ils ont un rôle primordial à jouer et ils en sont conscients. « Nous sommes en train de vivre un changement de mode de vie dans notre quotidien, dans notre manière de consommer, de voyager, de vivre nos loisirs. Le paysagiste a un rôle à jouer en matière de communication, de pédagogie, dans ce changement de mode de vie », ponctue Anne Cabrol, Maître Jardinier 2017.
Le métier de jardinier paysagiste évolue donc pour répondre aux changements actuels, notamment climatiques et sociétaux. Les professionnels en sont convaincus, notamment les finalistes du Carré des Jardiniers, le concours organisé chaque année en collaboration avec les structures de formation et les professionnels de la filière végétale. Ils savent qu’ils ont un rôle primordial à jouer pour penser aujourd’hui le jardin du (bon) vivant de demain, thème du concours cette année.
Ouvert à tous les concepteurs et entrepreneurs du paysage, dans le cadre du salon lyonnais Physalia, le concours « Carré des Jardiniers » a été créé en 2011 par des professionnels du paysage et du jardin, dont Jean Mus architecte paysagiste de renom et Président du jury. Les candidatures sont closes depuis la mi-mars. Les professionnels ont rendez-vous du 30 novembre au 2 décembre prochain, à Lyon – Eurexpo, pour découvrir les jardins créés par les 5 finalistes de l’édition 2021 autour de la thématique du jardin du (bon) vivant !
Pour en savoir plus : www.carre-des-jardiniers.com/fr