En période de crise, les villes intelligentes peuvent-elles réagir plus vite ?


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Mardi 5 Mai 2020 à 10:59

Avec leurs outils connectés et leur interface de supervision centralisée, permettant de coordonner l’ensemble des services publics, les « smart cities » semblent mieux armées pour réagir face aux difficultés d’une crise sanitaire comme celle que nous traversons. Dijon qui pilote à distance, depuis un an, dans le cadre du dispositif « OnDijon », l’ensemble des fonctions urbaine des 24 communes de la métropole dijonnaise, en apporte la démonstration.


La plateforme de centralisation de Dijon Metropole (Photo OnDijon)
Il y a tout juste un an, le maire de Dijon (Côte d’Or), François Rebsamen inaugurait la plateforme 100 % connecté « OnDijon » qui permet de contrôler, en un seul point, l’ensembles des fonctions urbaines de la métropole dijonnaise (260 000 habitants). Ville pionnière en matière de territoire connecté, la métropole avait mis les moyens pour déployer quelques 140 kilomètres de fibre optique afin de connecter les équipements urbains, de l’éclairage public, en passant par les feux rouges, la régulation de la circulation des trams, la gestion du réseau d’eau et la sécurité des citoyens. 
 
Si ce projet d’envergure, unique en son genre en France, plaçait Dijon Métropole au premier rang des territoires intelligents, d’aucuns se demandait si ce projet très couteux (105 M€), intéressant sur bien des aspects, allait apporter les réponses que les usagers sont en droits d’attendre. 
 
La principale opposition au maire actuel, François Rebsamen, (en attendant le second tour des municipales...), par la voix d’Emmanuel Bichot, tête de liste du groupe municipal Agir pour Dijon, n’a pas manqué d’épingler l’équipe en place « sur la pertinence d’un choix technique aussi lourd, dont le déploiement prendra douze ans, alors que les technologies évoluent à une vitesse accélérée ». Mais aussi sur « le financement de ces dépenses qui toucheront inévitablement le pouvoir d’achat des Dijonnais, déjà durement éprouvé, et qui pourraient dégrader les services du quotidien ». 
 
En dehors de ceux qui conduise ce projet dans le cadre d’un marché de performance, - le consortium du contrat de performance composé Bouygues Energies & Services, EDF, Suez et Capgemini, - et l’équipe municipale en place, bon nombre de dijonnais s’interroge encore sur les améliorations qu’un tel dispositif peut leur apporter au quotidien, l’opposition municipale insistant sur le fait que ce projet de « gestion connectée », pourrait bien devenir « le symbole d’une gestion déconnectée des réalités vécues par les Dijonnais. »
 
C’était sans compter sur l’arrivée, sur l’ensemble de la planète, du dernier Coranivirus, le SARS-CoV-2, lequel a placé les collectivités en première ligne, éprouvant ainsi leur capacité à répondre aux interrogations légitime des citoyens et assurer leur sécurité face au développement de l’épidémie. Selon les élus placés sur le front de la lutte contre ce virus, OnDijon a permis, en dehors du contrôle de la gestion des équipements urbains et de la sécurité, de prendre la mesure l’enjeu de la centralisation des données et des actions à mener dans le cadre d’une situation exceptionnelle. 
 
« La mutualisation de plusieurs postes de contrôles en un seul, améliore l’efficacité de l’action publique » 

 « OnDijon a facilité la gestion de la crise, les gens réunis ici ont appris à travailler ensemble, partagent l'information et le poste de pilotage permet de prendre les décisions plus vite », déclarait dans le quotidien Les Echos, Denis Hameau, l'élu à la tête d’une équipe d’autres élus allant sur le terrain pour aider les personnes en difficulté, présent dans le centre d'appels centralisé situé dans la salle de supervision. Seul regret de ce dernier, c’est que confinement oblige, les effectifs de la plateforme centralisée, ont été ramené de 35 à 13, le reste étant placé en télétravail, alors qu’au cours de la première semaine de mars, le numéro vert 24h/24 mis en place pour le Covid-19, avait enregistré plus de 3500 appels. 
 
« La ville intelligente se doit d’être plus humaine, mais aussi plus efficace. La crise du Covid ne fait que renforcer cette assertion puisqu’il est essentiel de répondre rapidement aux besoins des collectivités et des habitants, tout en préservant les finances publiques », écrivait dernièrement sur Linkedin, Bruno Hervouet, CEO Suez Consulting & VP exécutif Smart Cities, en citant Dijon.
 
Pour ce dernier, le Poste de Pilotage Connecté et Centralisé (PCC), comme celui de Dijon est un dispositif essentiel pour mieux gérer les équipements et les services urbains. En étant connecté en temps réel aux infrastructures urbaines, il gère à distance les équipements et les interventions sur l’espace public (sécurité des bâtiments publics, travaux d’entretien de voirie, vidéo-surveillance, éclairage public…). 
 
« La mutualisation de plusieurs postes de contrôles en un seul, offre une plus grande transversalité des services. Cet outil permet donc de moderniser et d’améliorer l’efficacité de l’action publique grâce à une meilleure coordination, anticipation, connaissance du territoire et rapidité de réaction », poursuit le CEO de Suez. « Ce sont autant de capacités essentielles pour réagir en temps de crise ». 
 
« La ville de demain permet de faire mieux avec les mêmes ressources, évolution particulièrement utile en temps de crise », résume Bruno Hervouet. Il est évident qu'un dispositif comme celui de Dijon permet d’évoluer vers un modèle de ville plus durable, plus inclusif, plus proche des citoyens, à condition que ces derniers ne soient pas écartés du débat et des orientations techniques choisies les élus, sous peine d'être contre productif. 





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