Il y avait foule ce vendredi 16 mars, dans la collégiale Saint Martin à Angers, pour assister au lancement officiel du déploiement de la fibre optique dans les zones rurales du département de Maine-et-Loire. Représentants de TDF, société qui vient de se voir attribuer la délégation de service public (DSP) pour le déploiement de la fibre optique dans le département, président de la mission France Numérique, Conseillers régionaux, Conseillers départementaux, maires, présidents des EPCI, tous étaient suspendus aux lèvres de Christian Gillet, président du Conseil Départemental et Philippe Chalopin, président du syndicat mixte Anjou Numérique, créé pour l'occasion.
Pour le département de Maine-et-Loire, qui est désormais l'un des premiers en France à se lancer dans une couverture 100% fibre, malgré un fort pourcentage de foyers isolés, la mise en place d'un réseau Très Haut Débit (THD), ne date pas d'hier. Déjà, en 2002, le Conseil Général de l'époque avait investi 65 M€ pour installé le réseau Melisa, lequel desservait principalement les collèges et parc d'activité départementaux. Depuis l'opérateur Orange a assuré le déploiement de la fibre dans les grandes villes du département, c'est à dire l'agglomération d'Angers et une partie des villes de Saumur et de Cholet.
Restait alors à la collectivité de raccorder 220 000 prises sur 42 communes, dont certaines peu denses. Ce sera fait en 2022, après un appel à candidature de plusieurs mois, lequel a permis d'attribuer la délégation de service, pour le déploiement et l'exploitation, pour une durée de 25 ans, à un nouveau venu dans le ce domaine, mais pourtant connu de tous ceux qui regardent la télévision ou écoute la radio : TDF.
« L'engagement partait d'un constat simple : la rupture de droit en matière d'accès internet entre nos concitoyens », a déclaré le président Gillet en ouvrant cette grande messe de la fibre, et le mot n'était pas trop fort dans une collégiale. « Même si Internet n'est pas une service public obligatoire comme l'eau ou l'électricité, nous nous devions de ne pas laisser se creuser une nouvelle fracture numérique et à travers elle, une fracture intellectuelle et culturelle ». Et, même si, comme l'avouait le président la situation en matière de réseaux haut débit « n'est pas aussi critique que dans d'autre départements ».
Pour Christian Gillet, qui égratignait au passage les opérateurs privés, dont certains étaient certainement candidats à la couverture départementale, la distribution partielle des réseaux THD réalisée à ce jour, est « un problème politique et économique ». Pour ce dernier « la qualité du service dépendait donc d'opérateurs privés qui, pour des raisons de rentabilité ont concentrés leurs investissements sur les zones considérées comme rentables. Amener les fibres au fond des campagnes, ce n'est pas leur sujet ».
« C'est un enjeu de développement et d'aménagement du territoire »
Pour le président, qui ne « veut pas voir s'instaurer un département à deux vitesses, entre citadins et ruraux », il s'agit d'une affaire de solidarité humaine et territoriale. « Il en allait de notre responsabilité ».
Et pour ce dernier, comme Philippe Chalopin, le président du syndicat mixte Anjou Numérique : pas question d'écarter les fermes et autres habitations isolées dans la campagne. La fibre arrivera chez chacun, quelque soit la distance, l'isolement et la difficulté. « Le département sera bien 100 % fibré », a confirmé le président.
Et pour cela l'investissement est à la hauteur des ambitions de ce département qui a bien compris que pour attirer ou maintenir les entreprises, les prestataires de services, les citoyens, il fallait se donner les moyens. « Les usages ont évolué. C'est donc aussi un problème technologique » a appuyé le président Gillet . La consommation d'internet augmente de 30% par an et dans les mêmes temps de 5000 habitants s'installent dans le département., les réseaux cuivres et l'ADSL ont été vite saturé. « C'est donc un enjeu de développement et d'aménagement du territoire », ajoute le président Gillet.
Si 324 millions d'euros vont être consacré à ce projet, c'est le groupe TDF, délégataire de service, qui assurera l'essentiel du financement avec 287,5 M€. Ce qui réduira considérablement la participation publique, laquelle passera de 230 M€ prévus initialement à seulement 36 M€ répartis de la façon suivante : 24,4 M€ pour l'Etat, 6,6 M€ pour le Département 49, 5,4 M€ pour la région des Pays-de-la-Loire. Les EPCI qui devait initialement mettre la main au porte-monnaie, n'auront rien à débourser. Une réduction de la dépense public dont s'est honoré le président d'Anjou Numérique, ne tarissant pas d'éloge pour ces équipes et du choix de la collectivité. « C'est un projet collectif, avec une dimension sociale et économique forte , qui va permettre de traiter tous les habitants à la même enseigne », a déclaré le président Chalopin.
Le Département et Anjou Numérique sont également satisfait d'avoir pu obtenir du délégataire de service, une enveloppe de 3,6 M€ qui sera alloué à la lutte contre l'exclusion numérique, avec la mise en place de trois centre de formation qui permettront d'accueillir des personnes éloignées de l'emploi et financer des actions visant à faciliter les usages numériques. Outre la création de 200 emplois, le déploiement et l'exploitation de la fibre généreront 120 000 heures d'insertion et 50 000 heures de formation. A noter que TDF a signé d'ors et déjà un partenariat avec Bouygues Télécom pour la commercialisation d'offre sur le réseau THD qui va s'installer. « Des négociations sont en cours avec d'autres opérateurs », souligne TDF
Bon à savoir : TDF (anciennement TéléDiffusion de France) est une firme du secteur numérique et audiovisuel possédant une plateforme hertzien multi-formats et multi-supports pour gérer et distribuer les contenus vidéo, audio et les données de ses clients vers tous types de récepteurs. Le groupe TDF s'investit désormais dans les nouveaux usages : TNT connectée, vidéo à la demande, télévision de rattrapage, RNT, médias sur le web, couverture mobile très haut débit, datacenters, connectivité Wifi et fibre.
Les actionnaires de TDF sont : la société canadienne Brookfield Infrastructure Group (45 %), les sociétés de gestion d'actifs APG Asset Management N.V., PSP Investment et Arcus Infrastructure Partners (45 %) et Crédit Agricole Assurances (10 %)