Difficultés d’accès aux soins : les élus du Lot-et-Garonne se mobilisent


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Lundi 21 Février 2022 à 14:39

Inutile de se voiler la face : l’accès aux soins pour tous et de manière équitable, est l’une des préoccupations majeures des Français. Compétence de l’État, territorialisée par les agences régionales de santé (ARS), la démographie médicale est un enjeu national, qui touche particulièrement le secteur rural et certains quartiers des villes. Pour les élus du département du Lot-et-Garonne, qui adressent aux candidats à la présidentielle, un appel solennel, il est temps de proposer des solutions courageuses.


Pour certains patients, notamment les plus âgés, la présence d'un médecin est indispensable (photo Adobe Stock)
Force est de constater l’insuffisance et l’inefficacité des politiques publiques nationales, mises en place successivement pour lutter contre les inégalités territoriales en matière de soins », affirme la présidente du Conseil Département du Lot et Garonne, Sophie BORDERIE, et les co-signataires, le président de l’association des maires ruraux et les président.es des communautés de communes, dans un appel solennel aux candidats aux élections présidentielles et législatives
 
Même si la question de la démographie médicale ne relève pas directement de ses compétences, le Département de Lot-et-Garonne considère qu’il s’est fortement impliqué sur ce sujet. Et pour preuve : en 2009 la collectivité territoriale a créé la « Commission départementale de démographie médicale (CODDEM) ». Dans ce cadre elle s’est engagée dans un plan global de lutte contre la désertification médicale. 
 
Selon les élus de ce département de Nouvelle-Aquitaine, depuis plusieurs années les initiatives se sont multipliées pour faire face à l'absence de médecins. « Les élus et acteurs de terrain (Département, communautés de communes rurales, agglomérations ou certaines communes) ont souvent été les premiers à développer des solutions pragmatiques pour répondre aux besoins de leur population », confirment les signataires de cet appel… à l’aide. Cette action s’est concrétisée par la définition d’aires de santé, l’élaboration d’une charte de non-concurrence entre collectivités infra-départementales, le financement et création de Maisons de Santé Pluridisciplinaires, la création de Commissions des soins ou encore le salariat de praticiens médicaux. En clair, les élus locaux ont retroussé les manches, pour assurer, tant faire se peut, l’égalité des soins de leurs concitoyens.
 
Mais pour ces derniers, « si cette panoplie d’outils a produit des effets tangibles et a permis de ralentir la désertification médicale, elle ne résout pas le problème de fond ». D’autant que dans ce département, 48 % des médecins en exercice ont aujourd’hui sont âgés de 60 ans ou plus. 
 
Il plus que temps d’agir avant que la situation prenne une tournure que redoutent, autant les élus que les habitants de ce département, et ce n’est pas le seul, que ceux qui l’habitent. « Tous ces efforts, menés au plus près du terrain pour rapprocher l’offre de soins des populations, se heurtent aujourd’hui à un « plafond de verre » car ils se retrouvent limités par le manque de solutions pérennes et structurelles de l’État », accusent les édiles.
 

Un appel solennel aux candidats des présidentielles et législatives à venir

A l’initiative de la présidente du Conseil départemental Sophie BORDERIE, le Département de Lot-et-Garonne, l’Association des maires ruraux de Lot-et-Garonne, l’association des maires de Lot-et-Garonne et tous les EPCI de Lot-et-Garonne lancent aujourd’hui un appel collectif aux candidats aux élections présidentielle et législatives sur l’urgence de réorienter efficacement les politiques publiques nationales en matière de démographie médicale.
 
Pour ces co-signataires, il est temps d’agir, de proposer et décider de solutions courageuses pour éviter que la situation ne s’aggrave. Le vieillissement de la population, la dépendance, les maladies chroniques (cancer, diabète…) de plus en plus nombreuses nécessitent de médecins généralistes sur le terrain pour accompagner des patients, souvent en grande difficulté. Et même si la téléconsultation, accessible pratiquement à tous avec un ordinateur, peut dans certains cas pallier le manque de médecins, elle ne résout pas tous les problèmes et notamment l’accompagnement physique et psychologique qu’ont besoin les malades les plus isolés.
 
Pour les élus du Lot-et-et Garonne, « le renoncement aux soins et la situation inacceptable et dramatique de perte de chances, sont une réalité vécue par un nombre croissant de nos concitoyens ». Même les incitations financières ont trouvé des limites. Selon les élus territoriaux, elles conduisent au « mercenariat » de praticiens français et étrangers qui quittent leur poste la veille de l’arrêt des aides pour en bénéficier de nouveaux quelques kilomètres plus loin ». 
 
Même si elles font preuve de courage pour aider leurs concitoyens les collectivités territoriales du Lot-et-Garonne, n’en peuvent plus. Elles en appellent à l’État, mais aussi à ceux qui sont amenés et seront amenés à prendre les décisions qui s’imposent et qu’elles ont consigné dans un appel qui leur est adressé. 
 
Parmi les 13 propositions de portée nationale énoncées, figurent notamment le conventionnement sélectif temporaire, une obligation exceptionnelle et transitoire pour les internes de médecine d’effectuer des périodes de stages en zones classées en déficit de professionnels de santé ou bien encore la réforme des critères d’élaboration des zonages.
Pour les élus du sud-ouest, il s’agit « de pistes d’actions concrètes, réalistes et de portée nationale en faveur d’un droit à la santé pour tous, composante essentielle de notre pacte républicain ». 
 
Pour ces derniers, « il est d’urgent que les candidats s’emparent du sujet afin d’en faire un axe central de leur programme pour répondre, enfin, aux légitimes attentes des populations et des territoires ».





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