Les élus des collectivités, quoique élus au suffrage universel pour représenter et agir au nom des électeurs qui en ont décidé ainsi, auraient-ils enfin compris que l'avenir de la ville qu'ils gèrent ne peut pas se faire, tout au long de leur mandature, sans la participation active des citoyens ? C'est tout au moins ce que conseillent les observateurs avisés de la Smart City : « Prendre en compte les usages et les souhaits des citoyens pour aller dans le sens d'une ville plus harmonieuse, où il fait bon vivre ».
A Angers, comme l'ont fait avant elle d'autres villes, Christophe Béchu, le maire (ex-LR) et président de la communauté d'agglomération l'a bien compris. Il l'a d'ailleurs martelé lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, le 8 janvier dernier : « Écrivons ensemble l'avenir de notre ville ». Et de poursuivre : « écrire notre avenir ensemble c'est renforcer tout d'abord le rôle et le travail des Conseils de Quartier et les Conseils Citoyens, lesquels seront fusionnés pour d'avantage d'efficacité et de cohérence. C'est aussi inviter les citoyens à proposer des aménagements des espaces publics, participer à une réserve citoyenne tout en développant pour les plus fragiles un comptoir citoyen ».
Si tout n'est pas encore parfait, la municipalité angevine souhaitant tout de même garder la main sur les grands projets et projets structurants, force est de constater que c'est un premier pas, une main tendue aux habitants qui pourront s'exprimer par l'intermédiaire de la plateforme de participation citoyenne : www.ecrivons.angers.fr.
Dans ce discours que le fringant maire voulait fédérateur, trois initiatives importantes ont été lancées. Tout d'abord la création d'une « réserve citoyenne », ouverte à tous les Angevins volontaires. Ces derniers seront mobilisés pour accompagner les services municipaux lors des actions culturelles, solidaires et sportives. Un moyen de ne pas rester passif ou seulement utilisateur des services proposés par la ville. D'autant que s'impliquer c'est également comprendre le fonctionnement parfois complexe d'une municipalité. Au sein de cette réserve un groupe de sécurité civile sera constitué pour accompagner la Ville lors des missions de sensibilisation aux risques majeurs.
Deuxième point avancé par le maire, la mise en place d'un « comptoir citoyen » au sein du CCAS (Centre Communal d'Action Sociale). Déjà expérimentée cette initiative devrait permettre de développer d'autres formes de réciprocités avec les habitants les plus fragiles et les plus démunis, « selon le principe du donnant-donnant auquel notre municipalité tient tout particulièrement », a souligné le maire. Pour ce dernier il s'agit de poursuivre l'accompagnement des plus démunis, avec des aides sociales refondues pour la circonstance, « mais sans assistanat et dans un souci permanent de dignité ».
« Nous attendons que les Angevins se mobilisent en nombre pour faire partager leurs idées et leurs expertises car ce sont eux les usagers ».
Dernière brique de l'édifice : collecter auprès des citoyens des idées de projets d'aménagement nouveaux et dont ils connaissent l'environnement. Pour cela la Ville consacrera un « budget participatif » de 1 million d'Euros sur un budget annuel de fonctionnement de 220 millions d'Euros. Une goutte d'eau dans l'océan municipal, mais qui jette la première pierre d'une véritable action collective des citoyens, tout au moins ceux qui agissent pour leur ville, et qui savent se placent en dehors de toutes considérations d'ordre politique ou idéologie.
« Donner la parole aux Angevins, les associer aux décisions, c'est dans les gènes de la ville », précise Michelle Moreau, première adjointe, en charge de la vie des quartiers, de la vie associative et de la citoyenneté. Un secteur qu'elle connaît parfaitement et dans lequel elle s'implique depuis des années. « Nous avons commencé en 1995 avec les premiers journaux de quartier, puis ensuite avec la mise en place d'un fonds de participation pour les habitants et les conseils de quartier. Nous attendons que les Angevins se mobilisent en nombre pour faire partager leurs idées et leurs expertises car ce sont eux les usagers ».
Cette initiative qui permet à chacun d'avancer des idées ou donner un avis sur un aménagement ne se substituera pas aux actions des Conseils de Quartier qui, pour l'occasion vont fusionner avec les Conseils Citoyens. Dans les faits, les citoyens, à titre individuel ou collectif, qui veulent déposer une idée d'aménagement auront jusqu'au 13 avril pour les faire. Ce projet devra relever des compétences municipales et répondre à l'intérêt général. La municipalité entreprendra ensuite une étude de faisabilité qui conduira, en septembre, à la présentation publique, par les porteurs de projets, des aménagements recevables. Fin octobre les Angevins seront invités a voter pour les cinq projets qu'ils préfèrent, lesquels passeront en phase de réalisation, dans les limites du budget participatif et après approbation du Conseil Municipal.
Peut être un manque dans cette dernière initiative : ne pas impliquer les citoyens concernés dans la phase d'étude de faisabilité et l'exécution des projets, certains ayant certainement la capacité requise. Cette continuité éviterait peut-être que des citoyens intéressés, soupçonnent la municipalité de les utiliser pour leurs idées avec à la clé un enjeu électoraliste. Mais ça fera certainement l'objet d'une évolution, peut-être lorsque les élus locaux français d'une manière générale admettrons qu'ils sont au service des citoyens et que ces derniers ont des droits sur eux, un vrai préalable à la ville intelligente et citoyenne. Dans la pratique on observe plus souvent l'inverse . Mais ne brulons pas les étapes.