ANGERS : Un éclairage public maîtrisé et optimisé, premier pas vers la ville intelligente


Rédigé par Philippe MAISSEU le Lundi 23 Octobre 2023 à 14:03

En 2020, plus de neuf Français sur dix, soit 93 % de la population, vivaient dans l'une des 699 aires d'attraction d'une ville. Plus de la moitié des habitants (51 %) se trouve dans les pôles, et 43 % dans les couronnes. Pollution, crise énergétique entrainant une hausse sans précédent des coûts… Les enjeux se multiplient pour ces municipalités qui se retrouvent confrontées à de nombreuses problématiques à gérer dans le même temps.



L’avènement de la Smart City est une belle promesse qui devrait permettre de relever une grande partie des défis d’aujourd’hui et de demain. C’est pourquoi il nous faut mener une réflexion sur cette question et songer à évoluer vers des solutions adaptées et connectées. Alors, vers quelles solutions les collectivités doivent-elles se tourner afin de maîtriser leurs coûts dans un contexte de contrainte budgétaire et par où doivent-elles commencer ?

L’émergence des territoires intelligents

Le développement et l’appropriation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) en vue d’améliorer la qualité des services urbains semble indéniablement la marche à suivre. Ce concept, déjà largement répandu depuis quelques années, est celui de la Smart City : une « ville intelligente » qui, via les nouvelles technologies, optimise son organisation pour améliorer la qualité de vie de ses habitants, tout en intégrant la dimension environnementale.
Construite par la volonté de moderniser un territoire, une ville intelligente doit en premier lieu répondre aux besoins de ses citoyens. Elle doit ensuite se munir de solutions technologiques adaptées pour anticiper et évaluer en temps réel les comportements des usagers pour adapter aux mieux les services.  Bien qu’aucun modèle de Smart City à la française n’existe pour l’heure, de nombreuses municipalités multiplient les actions afin de mieux faire face aux problématiques énergétiques. C’est le cas de Niort qui a multiplié les démarches en vue d’améliorer l’offre de services connectés (smart lighting, installation de capteurs…) ou encore d’Issy-les-Moulineaux, ville pionnière du concept en France, qui a su anticiper l’arrivée du smart lighting, de la 5G et des parkings intelligents.
Si la maîtrise de l’ensemble de ces aspects constitue l’objectif à - soyons optimistes - moyen terme de tout acteur engagé pour un développement urbain durable, l’éclairage public est certainement celui sur lequel il est possible d’agir le plus facilement et efficacement.

L’éclairage intelligent à la rescousse des municipalités

Principal poste de dépense des collectivités en matière d’énergie, l'éclairage public représente, selon l’ADEME, environ 20% de la facture globale d'énergie d'une ville. Si on compte les charges de maintenance et les investissements, le coût de l’éclairage public revient à près de 2 Md€ en France.
Et il n’est pas sans conséquence sur le plan environnemental. Le parc français émet annuellement 670 000 tonnes de CO2 par an et les lumières artificielles, issues entre autres des lampadaires omnidirectionnels, constitue la première cause de pollution lumineuse, avec des conséquences néfastes sur notre santé. Ce parc globalement vétuste présente donc un vaste potentiel de réduction des nuisances lumineuses et des consommations d’énergie.
Un éclairage « intelligent » consiste en premier lieu à remplacer les traditionnelles lampes à incandescence et halogènes par des lampes LED, dont les avantages sont multiples. Il peut s’agir d’une réduction de la consommation, de la chaleur produite, ou d’une plus longue durée de vie…

L‘étape suivante consiste à connecter les luminaires à un système de télégestion distant pour permettre une gestion différentiée et plus fine du territoire. En effet, les « hyper centres » n’ont pas obligatoirement la même stratégie d’éclairage que les zones résidentielles ou résidentielles. De même, un système de télégestion pourra permettre d’adapter l’éclairage aux jours de la semaine ; par exemple allonger la durée de l’éclairage public le samedi soir.

La mise en place d’un éclairage connecté ouvre également des possibilités multiples dans le domaine de l’éclairage dynamique : Il pourra être possible de connecter les luminaires entre eux et les doter d’un système de détection de présence, créant un chemin lumineux qui suivrait le déplacement d’une personne ou d’un véhicule ; ou encore d’adapter l’intensité de l’éclairage aux conditions ambiantes. , leur puissance étant  adaptée par les collectivités en fonction de la luminosité ambiante et de la présence (ou non) de citoyens aux alentours, grâce à des capteurs connectés et supervisés à distance. Une stratégie qui a fait ses preuves, bien que 40 % des communes aient choisi - par manque de moyens - d’éteindre la lumière pour lutter contre l’accroissement du coût de l’électricité.

Pour mettre en place un éclairage intelligent performant, les municipalités ont besoin de disposer des données permettant d’analyser les flux humains et la réalité de leur territoire, afin d’exploiter celles-ci et prendre les meilleures décisions. Celles n’ayant pas les moyens techniques et financiers pour investir dans une nouvelle infrastructure peuvent se tourner vers Conseil en Énergie Partagé (CEP) de l’ADEME pour optimiser leur éclairage public.

Le choix de la bonne technologie dans un contexte de budgets contraints exige un processus d’évaluation minutieux. Pour les villes, choisir les bons partenaires dès le départ sera crucial pour un succès à court comme à long terme. Heureusement, des acteurs de la transition existent et sont prêts à accompagner les pouvoirs publics pour répondre aux enjeux de la Smart City, l'exemple de la ville d'Angers qui rénove l'intégralité de son réseau depuis plus de 2 ans

 


Fabrice Dudognon, Directeur France Electricité & Smart City chez Itron





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